Au
sommaire
Le
monde est bien triste
La glorieuse marche du monde
vers le précipice est accélérée par la veulerie
de nos congénères.
Comment
la Technologie fait de nous des robots
Notre monde connaît
depuis quelques siècles une explosion technologique qui envahit
peu à peu toutes les strates de notre vie. Ce qui facilite d'autant
le contrôle et l'espionnage permanents, la centralisation des informations
aidant.
Les
Criminels par la pensée
Comme dans 1984... La loi
Gayssot, voilà le cauchemar du contrôle de la pensée
qui se matérialise sous nos yeux... et avec la bénédiction
de nombreux intellectuels !
L'Argent
L'argent pourrit nos vies,
notre planète. Au fond, à quoi sert l'argent ? A faire progresser
l'humanité ? A nous donner l'illusion d'un sens ? A maintenir des
inégalités ? |
S
o m m a i r e
Le
monde est bien triste
La glorieuse marche du monde
vers le précipice est accélérée par la veulerie
de nos congénères.
Comment
la Technologie fait de nous des robots
Notre monde connaît
depuis quelques siècles une explosion technologique qui envahit
peu à peu toutes les strates de notre vie. Ce qui facilite d'autant
le contrôle et l'espionnage permanents, la centralisation des informations
aidant.
Les
Criminels par la pensée
Comme dans 1984... La loi Gayssot, voilà
le cauchemar du contrôle de la pensée qui se matérialise
sous nos yeux... et avec la bénédiction de nombreux intellectuels
!
L'Argent
L'argent pourrit nos vies, notre planète.
Au fond, à quoi sert l'argent ? A faire progresser l'humanité
? A nous donner l'illusion d'un sens ? A maintenir des inégalités
? |
Le
monde est bien triste

LE
DÉGOÛT
Oh
que le monde m’énerve.
I :
De plus en plus « Khôbzistes (1) » (de l'arabe khôbz,
le pain), les gens ne pensent plus qu'à leur pain, leur bière,
leur match de foot et leur lecteur DVD, négligeant ou méprisant
les idées et l’expérience des siècles, laissant derrière
eux leurs propres idéaux de jeunesse, annihilant par-là même
toute chance au monde de devenir meilleur, les gens sont bornés
et complètement anti-existentialistes ; cela n'a pas toujours
été ainsi. Les années de la guerre froide ont eu cela
de bon qu'elles ont forcé les consciences à prendre parti,
à se déterminer ; de même que la Grand-Peur de l'Atome a forcé les individus à prendre conscience de leur vulnérabilité, de leur finitude, et leur a fait prendre conscience de ce que ni le monde ni l'espèce n'étaient éternels. La situation actuelle est le signe d'une
formidable régression intellectuelle.
II
: Le responsable, c’est le régime, c’est cette démocratie
fausse qui tend (serait-ce inexorable ?) à déresponsabiliser
ses citoyens, donc à laisser à d’autres le soin de penser
et de parler à leur place. Ils (se) « laissent faire ».
Et ce penser, et ce parler, ce n’est rien d’autre que celui de l’Economie-Reine,
cette gigantesque erreur morale (ou pour parler plus précisément
ce gigantesque mensonge ), acceptée par la quasi-totalité
des citoyens, dans un consensus mou, et qui pourtant suppose dans ses hypothèses
que l’homme ne peut prétendre atteindre le bonheur sans chaussures
de sport américaines ni sans canapé en peau de travailleur
pakistanais, ce qui au premier abord, il faut bien le reconnaître,
peut paraître absurde. « Le bonheur, c'est l'accumulation ! », crient, enthousiastes, et un brin fanatiques,
les adeptes du Veau d’Or, dont les griffes crochues labourent sans scrupule
les chairs pour y planter des sous. Le bonheur, c’est donc l’accumulation.
III
: La vérité, c’est que le régime mondial (car il s’agit
bien d’un régime mondial), capitaliste et boursier, tend à
dériver vers une oligarchie économique,
à la tête de laquelle se trouve une infime partie de la population.
IV
: Et ce sont ces oligarques qui, grâce aux puissants moyens de propagande dont ils disposent, se font les promoteurs, voire les incarnations
vivantes de l’apologie de ce système, en bons gourous qu’ils sont.
Ils possèdent, à travers les chaînes de télé,
de radios, la presse écrite, magazine, autoroutes de l’information
et caetera, les haut-parleurs du monde entier, ce qui leur donne le pouvoir
(et ils en ont parfaitement le "droit") de nous déverser à
longueur de vie dans le crâne leurs mugissements et spéculations anti-métaphysiques.
V :
Ils sont vite rejoints, par mimétisme, par lèche-bottisme,
par la catégorie « carriériste » de la population
(formée de moutons bornés notoires), qui pourra répandre
ce fiel vicieux dans toutes les couches de la population, et forcent la
société à se conformer à un schéma établi
selon leur propre système de valeurs, partant d’un haut qu’ils définissent
eux-mêmes, atteignant les unes après les autres les classes
ainsi formées de la nouvelle société, qui prend donc
peu à peu une forme pyramidale.
VI
: Si bien qu’au final, le pouvoir des oligarques n’est appelé qu’à
grandir encore et encore…
Et
c’est avec la bénédiction d’une écrasante majorité
de la population, désormais acquise à leur « cause
», parfaitement intégrés dans la pyramide, ne concevant
même plus d’existence possible en dehors de cette pyramide (si bien
que ceux qui en sont encore « exclus » apparaissent comme des
marginaux, voire pire, comme des victimes), que les oligarques prôneront
la disparition totale de l’Etat (qui s'incarne dans ce que l'on appelle aujourd'hui avec nostalgie le "service public"), seul obstacle encore réel au triomphe
total du Capitalisme
® , ce grand
monopoly, d’où, l’unique règle
étant la loi du plus riche, ils sont certains de sortir vainqueurs,
dusse pour cela la planète devenir un immense tas de mazout, dussent
pour cela crever cent millions de malheureux. L'Etat ne doit pas disparaître. Pas comme ça. Pas maintenant.
Mais
où va le Monde ?
J’avais
donc bien raison, ce monde est à vomir.
Petit
paragraphe d’énervement gratuit mais néanmoins toujours distrayant,
et même salvateur lorsqu’on a les nerfs en pelote comme moi en ce
moment.
(1)
: Ce mot à la racine arabe veut désigner la masse crasse
et incalculable de ces gens dont le but apparemment unique dans la vie
consiste, bien évidemment sans jamais manifester une quelconque
trace de pitié pour leurs semblables, à amasser égoïstement
de rondelles métalliques, ainsi que divers autres biens, tous plus
superflus les uns que les autres. Et ainsi tout au long de leurs médiocres
vies d’esclaves consentants, avec une application et une dépense
d’énergie qu’il ne leur viendrait même pas à l’esprit
de déployer pour leur propre développement physique ou moral
(privilège réservé à l’élite de l’élite,
qui passe ses mercredis à jouer au golf, pour… « augmenter
sa productivité » !), et naturellement encore moins pour le bien de l’humanité
entière.
J’avais
donc bien raison, ce monde est à vomir.

Progrès
technique et démocratie
Le
20e siècle fut l'ère des plus profonds bouleversements jamais
connus par l'humanité. Les révolutions technologiques ont
radicalement transformé nos vies et notre environnement ; naturellement, cette
course folle ne peut pas manquer de soulever de nombreuses questions, dont la plus cruciale (si, si...) : "où va t-on ?"
Le changement
de millénaire n'est pas pour rien dans la soudaine prise
de conscience des masses qu'une ère nouvelle s'ouvre avec "l'an 2000".
De fait, il est temps aujourd'hui pour nous de nous arrêter un instant,
et de prendre suffisamment de recul pour envisager les avenirs possibles. Vers
quel monde, vers quelle société allons nous ? Mais l'on ne
peut se poser cette question sans se demander si la technologie qui fait
de nous des demi-dieux ne sera pas, demain, l'outil privilégié
de nos geôliers.

Première
force : l’État.
L'Etat,
la sécurité, et la liberté.
Crime
par la pensée.
Mort
du rêve et du projet humaniste
Pensée
Unique
L'illusion
du Choix, relayée par la publicité et les médias
Halte
à la Croissance ?
Progrès
et démocratie feront-ils bon ménage au 21e siècle
? Et si le progrès technologique exponentiel que le 20e Siècle
a connu ne faisait que nous mener précisément à ce
que la publicité et l’idéologie ambiante s’efforçent
de détester, et à quoi elles nous mènent pourtant
à marche forcée, c’est à dire : à une forme
nouvelle de totalitarisme ? Cette interrogation n’est pas sans éveiller
de vieilles peurs. Pour une raison bien simple : parce que le progrès
permanent tel que nous le connaissons est dirigé –cela tout naturellement-
par deux forces, auxquelles il doit certes son existence, mais dont le
contrôle échappe au commun des mortels, et dont les intérêts
ne sont parfois pas compatibles avec ceux des citoyens et de la démocratie.
Ces deux forces, sont : l’État et les entreprises.
Première
force : l’État.
C'est une évidence : la
contribution de l’État, financière, morale, la pression qu’il
a exercé en tant que client, ont été des moteurs essentiels,
voire même des éléments vitaux dans le bond de la recherche
et développement dès le 19e siècle. Cette contribution
est aujourd’hui encore essentielle : la campagne que les états,
américains, européens, ont mené en faveur du développement
du réseau Internet, les législations adoptées par
les gouvernements au niveau international, dans des domaines aussi différents
que ceux des réseaux informatiques ou encore des manipulations génétiques,
en sont des preuves bien connues de tous. Par ailleurs,
l’état est le premier intéressé par les progrès
de nature technologique ou matériels que connaît le territoire
qu’il a pour charge d’administrer, ne serait-ce que pour des raisons de
Défense ou simplement de prestige extra-national.
Deuxième
force : Les entreprises.
Nous
ne parlons pas là de toutes les entreprises, mais, bien entendu,
des grands trusts, ces titanesques et monstrueux conglomérats impersonnels
nés de fusions, d’OPA et de « mariages » ultra-médiatisés.
Il faut noter combien certains médias, se complaisant dans l’idéologie
dogmatique néo-libérale, se font l’écho de ces évènements
dramatiques avec un enthousiasme qui dépasse bien souvent le stricte
cadre de l’objectivité journalistique (ce qui ne les empêche
pas de la revendiquer benoîtement).
Ces
groupes à taille inhumaine exercent aujourd’hui une influence tout-à-fait
considérable sur l’économie mondiale. Ils sont devenus les
principales sources du progrès technologique dirigé dans
le but de son exploitation commerciale. La vision capitaliste de l’économie
privilégiant une logique de profit (appelons les choses par leur
nom), a ainsi intégré pleinement la recherche scientifique
: cela a pour conséquence d’orienter les découvertes technologiques
dans une optique toujours capitaliste de recherche non pas du bien général,
non plus de l’idéal scientifique, mais du profit, du profit des
quelques oligarques qui détiennent aujourd’hui le pouvoir économique
effectif.
Nous
les appelons oligarques, car leur existence est une réalité
; cependant, cette appellation ne renvoie pas à une classe aux contours
biens définis. Leur nombre reste par conséquent inconnu,
fluctuant. Nous appelons oligarques les personnes dont les décisions
et les actes influent de manière directe et consciente sur l'économie
réelle. Ces oligarques ne recherchent aucunement le bien de l’humanité (ou alors, de manière marginale, pratiquant une charité bien ordonnée pour s'acheter une bonne conscience).
Les oligarques cherchent à susciter des profits toujours plus grands. Pour
l’entreprise, il s’agit donc de consolider son assise et donc de pérenniser
les profits, et notamment ceux qui sont effectués en bourse, donc
encore soumis à de potentielles fluctuations. Il s’agit donc de
s’assurer la fidélité des « consommateurs ».
Pour cela, et cela est inscrit dans la logique-même du capitalisme,
l’entreprise cherche à prévoir et à anticiper les « besoins
» et les réactions de chaque consommateur, ce qui la pousse
à commander des études de marchés, à développer
des offres de fidélisation, aussi. Ces manoeuvres ont pour but idéal
d’aller vers une garantie totale de fidélité des clients
aux entreprises. Or, logiquement, plus la surveillance sera serrée,
plus elle interviendra, mieux il deviendra possible de coller aux «
besoins » et désirs des clients. Les progrès technique
–notamment en matière audiovisuelle, de reconnaissance, se révèlent
alors bien utiles à ces fins… On peut observer les prémices
de telles pratiques, notamment dans des procédés tels que
les enquêtes d’opinion, sondages, études de marché,
etc. Mais aussi, sur Internet, dans le fichage, le traçage des visteurs et des clients.
La
loi du « marketing », comme celle de la publicité, comme
celle des « relations publiques » (ce qu’autrefois on appelait
avec moins de pudeur « propagande »), repose sur la
tentation de constituer une science des comportements du consommateur,
mais, surtout, de sa manipulation.
Dès lors que l'on cherche à rendre son comportement totalement prévisible, le
consommateur devient alors une proie sans humanité.
Au mieux, c’est un mouton
auquel l'on donne un berger. Au pire, c’est un animal qu’il s’agit d’attirer dans un piège.
C’est
bien là la conception de l’homme qu’ont les capitalistes. (Rousseau…)
L'Etat,
la sécurité, et la liberté.
Quant
à l’État, celui-ci a naturellement tendance à affiner
sans cesse la surveillance qu’il exerce sur ses administrés, parce
que cela est inscrit dans son système de fonctionnement même.
La plupart du temps, d’ailleurs, ce phénomène a pour but
affirmé d’assurer "l’ordre public" -une notion par ailleurs bien
subjective-, ainsi que "la sécurité des citoyens". Nos États
occidentaux peuvent aujourd’hui donner l’impression de vouloir «
garantir les libertés fondamentales », comme le dit l’expression
consacrée. Pourtant, qu’en est-il dans la réalité
?
Le
souci de sécurité et celui de liberté n’ont jamais
fait bon ménage, et aujourd’hui, comme hier, cette maxime se trouve
vérifiée par les faits. Car sous le prétexte d’impératifs
de sécurité, ou même –c’est un comble- de protection
des libertés individuelles, c’est l’ensemble du corps des citoyens
qui se retrouve sous
la paternelle et quelque peu envahissante surveillance de l’État. Cette surveillance, nous la connaissons
sans même nous en choquer ou nous en étonner, tant elle est
devenue routinière : de fait, nous croulons sous une quantité
invraisemblable de contrôles qui nous semblent bien naturel : cartes
d’identité, passeport, permis de conduire, comptes bancaires, diplômes, impôts, et même, certificats de
décès. De telle manière que chaque citoyen fait, dès
sa naissance, et continuellement jusqu'à sa mort, l’objet d’une
surveillance étroite, d’une collecte d’informations, et d'un encadrement
des plus rigoureux. Cela ne s’arrête pas là, puisque la plupart
des Etats, par le biais de leurs services de renseignement, s'efforcent
par ailleurs de ficher et de surveiller les individus qui n’adhèrent
pas à l’idéologie dominante, ceux qui le font trop savoir,
ou, pire encore, ceux qui commettent un prosélytisme subversif.
Un pays comme la France lui-même, et ce malgré tous les idéaux
qu’il est censé incarner, en est à un état avancé
de surveillance de la pensée. Il y avait déjà des
« mauvaises pensées », celles qui condamnaient leur
auteur à la vindicte : racisme, communisme, et d’autres encore,
variables selon les époques ; aujourd’hui, ces personnes deviennent
véritablement des « criminels par la pensée »,
puisqu'ils peuvent désormais être tenus pour pénalement
responsables de leurs paroles, et que des châtiments
légaux sont ainsi prévus pour ceux qui s'écarteraient un
peu trop du troupeau.
C'est là l'éternel paradoxe, le choix nécessaire entre liberté et sécurité. Entre la liberté et la sécurité, l'Etat choisit -car c'est dans la logique de tout Etat- la sécurité.
(voir
notre article sur la Loi Gayssot)
Crime
par la pensée. Ainsi, l’Etat, en faisant de certaines opinions un
délit, déborde de sa sphère dans la sphère
privée, puisque ces thèses ne menacent pas directement l’ordre
public (puisqu'il existe déjà des peines pour le délit
de trouble de l'ordre public, ou d'incitation à la violence). Les
habitants des « démocraties libérales vivent donc de
fait sous un régime de « liberté surveillée
».
Pour
en revenir plus précisément à notre sujet, le progrès
technique ne sert dès lors qu’à renforcer la surveillance
exercée sur les citoyens. C’est ainsi par exemple que les progrès
en biologie interviennent à présent jusque dans les enquêtes
de Police : la génétique elle-même trouve sa place
désormais dans
leurs
résolutions. Pour l’instant, il s’agit essentiellement d’identifier
des criminels. Mais peut-être viendra-t-il, le jour où ces
tests génétiques serviront à élucider d’autres
crimes moins graves… Puis, de même, un jour, pourquoi pas les crimes
par la pensée.
Toute
forme de discussion, de débat ou de contestation constructive de
la société dans ses bases deviendrait alors impossible, ce
serait la mort de la démocratie et l'avènement d'un régime
totalitaire à la Orwell.
Mort
du rêve et du projet humaniste
[D’autre
part, le progrès étant posé en dogme, en principe
sacré, le projet ou le rêve politique seront qualifiés soit de "réactionnaire" (car vouloir arrêter le progrès technique, c'est être "réactionnaire") soit "d'utopique". Bien utile, vraiment,
ce mot d’«Utopie », pour balayer avec dédain toute remise
en cause intelligente de la société telle qu’elle est, et
de ses principes.
On écoute le fasciste, on écoute le réactionnaire : leurs projets semblent "crédible", pour employer une terminologie de marketing politique. Le fascisme, l'autoritarisme, sont des méthodes de management alternatives à la démocratie, et à ce titre, on suppose qu'elles méritent d'être connues, ne serait-ce qu'afin de s'en servir comme épouvantail. L'utopie, en revanche, n'est pas "crédible". C'est du flou, c'est du vague. C'est pas l'utopie qui va payer les retraites des vieux.
Mais là apparaît un danger qui menace directement
nos civilisations de sclérose, donc de vieillissement, et de mort
relativement rapide. Ecarter le rêve, la projection, la construction
intellectuelle d'une utopie, c’est écarter le doute, alors
que sans doute la société n’est pas parfaite, et qu’elle
mériterait d’être améliorée ou modfiée.
(Ainsi,
la pensée socialiste telle qu'a pu la connaître le 20e siècle,
a été d'un apport considérable à la société
capitaliste. A son corps défendant, d'ailleurs, elle a contribué à l'humaniser,
et aussi à lui redonner de la vie, ne serait-ce que par le débat
intense qu'elle a entraîné dans le monde entre ses partisans
et ses détracteurs. Elle a forçé le capitalisme à
entamer une évolution -ce qui était la condition de sa survie
-lors de crises graves, comme celle des années 30, ou de l'immédiat
après-guerre).
Le
progrès technique est bien entendu nécessaire à la
survie d’une civilistaion ; mais ce progrès ne doit pas être
simplement technique : il doit être aussi, nécessairement,
un progrès de l’Esprit, un progrès de la pensée critique
; pensée critique qui ne peut exister que dans une société
où serait acceptée la diversité
des opinions, où le débat vrai serait le seul moyen
de déterminer l’adhésion à une thèse. Or, ce
« dogme » du Progrès technique ne tolère pas
aujourd’hui le débat, et occulte toutes les thèses adverses,
qui mériteraient, pourtant, pour certaines d’entre elles, qu’on
s’y attarde. Il y a véritablement une « pensée univoque
» du progrès dans notre civilisation.]
Pensée
Unique, pensées univoques - Y a-t-il une "Liberté" du consommateur ?
L’Etat
est complice de ce phénomène de « pensée unique
». Que ce soit consciemment (corruption, intérêts particuliers)
ou inconsciemment (aveuglement individuels et collectifs), ses acteurs
participent bien souvent à la justification de cette société
de consommation. L’Etat finit par intégrer celle ci à son
projet : consommation et marché-roi deviennent des paradigmes, que
l’Etat justifie et s’adjuge, manipulé par des politiciens intéressés
ou aveugles, et tend ainsi à saper lui-même ses propres bases.
L'illusion
du Choix (cf. Gilles Lipovetsky, par ailleurs très à la mode dans les cours de socio et chez les rebelles d'écoles de commerce), relayée par la publicité et les médias,
imprègne notre société et la contraint à la
consommation. Plus
inquiétant encore est que les grandes compagnies en viennent peu
à peu à exercer leur propre modes de contrôle sur ceux
que l’on appelle désormais les « consommateurs », et
participent à leur tour au progressif encerclement de la population,
se faisant, parfois même, les complices de l’État dans sa
tentation de surveillance et de contrôle global de la société.
Notamment lorsque ces compagnies se font le vecteur, via la publicité
et les mass media, d’une idéologie qui se voudrait libertaire, et
qui fait l’apologie de cette société de consommation en tant
qu’exemple ultime de civilisation de la Liberté. Cette croyance
repose sur la thèse néo-libérale selon laquelle la
liberté économique offrirait aux individus le choix de ce
qui leur convient, selon leurs désirs réels ou suscités,
leurs "goûts" ou leur personnalité propre, etc. comme j'en rirai si ce n'était pas si tristement dégueulasse !...
Cette
idéologie de la « personnalisation » est en réalité
fondatrice d’une nouvelle société du « choix »,
par opposition à l’uniformité forcée qui règnerait
dans les régimes totalitaires traditionnels ; Chaque société a certes ses propres
modes d’intégration et codes sociaux. Notre société
est une société dans laquelle la condition d’intégration
est la possession, et le critère de réussite
sociale est l'accumulation. Dans laquelle fortune fait force de vertu,
dans laquelle chacun est jugé non pas sur des qualités humaines ni même intellectuelles,
mais bien en grande partie sur ses biens matériels, son capital,
motif de honte ou de fierté sociale par excellence. Dès lors,
« choix » ne signifie pas « liberté », lorsqu’il devient
impossible de ne pas acheter et de ne pas choisir. Entre un Tee-Shirt Z
et un Tee-Shirt W, je dois de toutes façons choisir un Tee-Shirt
; entre un presse-purée X ou un presse-purée Y, je dois de
toute façon choisir un presse-purée. Ces "choix" ne sont
pas motivés par une vision rationnelle de leur utilité. C'est
la société qui m'y contraint -non pas par la force, mais
par la pression sociale, pression sociale alimentée par la publicité
et les médias. Sans quoi je suis voué à la ringardise, c'est-à-dire à l'obsolescence, autant de maux qui me condamnent à
la moquerie et, plus ou moins, participent à ma mise au ban de la
société. Des condamnations sociales, en somme, mais qui ne
sont certes pas moins dissuasives que des condamnations pénales.
Notre civilisation du Progrès nous oblige ainsi à la consommation
éternelle, ne serait-ce que pour permettre le renouvellement continu
de nos biens auquel elle nous condamne. C'est là une forme de totlitarisme,
ou même de terrorisme, qui nous force par la peur à commettre
des achats que nous n'aurions sans doute pas fait. Un terrorisme de la
consommation et du Progrès obligatoire, de la "mise à jour",
de la modernisation. Où est la liberté des individus lorsque
leur énergie est consacrée à la satisfaction de besoins
superflus, à la fabrication et à l’achat de gadgets ? Les
individus se trouvent enfermés dans la société de
consommation sans aucune échappatoire, sinon la marginalité,
qui est la pire des condamnations sociale. Notre société
est une société où les individus n’ont pas le choix.
Une société libertaire en apparence, totalitaire en fait.
Voilà ce qui peut-être nous guette.
Halte à
la Croissance ?
Il
est peut-être temps alors de « faire une pause », d'allumer une cigarette (ou pas), de s’arrêter et de se donner un temps de réflexion, de prendre
le recul nécessaire pour voir où toute cette flambée
capitalistico-scientifique peut bien nous mener. Nous sommes les pilotes
en état d’ivresse d’une machine lancée à
plein régime dont
les moteurs se sont emballés. Grisés par la vitesse, nous
accélérons toujours plus… Et pourtant, ralentir devient alors une nécessité
pour éviter le mur. Pensons à Icare. Pensons à ce crétin d'Ayrton Senna. Et pensons aussi à Internet, ancêtre du télécran d’Orwell.
Il
ne s’agit pas, pourtant, comme le caricaturait déjà abusivement un Voltaire,
de se « remettre à quatre pattes et de manger de l’herbe »,
il s’agit simplement d’ôter ce bandeau que nous avons sur les yeux
et qui nous empêche de regarder les choses comme un tout.
Si la démocratie est le seul régime acceptable, (même s’il mérite des
aménagements (de fameux aménagements)) ; la démocratie est menacée par le Progrès
technique aveugle ; ce dernier est-il nécessaire au bonheur ? Nous
continuerons toujours de vieillir, et de mourir, demain toujours aussi
bêtement qu’hier. Et si le progrès peut nous donner l’illusion
d’un sens, ce n’est qu’une vanité, car la vie est et restera toujours
une tragédie. Vive la machine à laver, vive les robots-mixeurs
! Mais, quitte à devoir choisir, je préfère la liberté
au progrès. Car que signifient les autoroutes, les téléphones
portables, Internet ou les chaussettes à chauffage intégré
au regard de l’immensité de l'univers, de la finitude des choses,
de l'humain, et de la vie ?
You
may say I'm a dreamer, mais il reste des évidences : la joie simple
de vivre avec les autres, de vivre même simplement, même d’amour
et d’eau fraîche, est à elle seule un éclat de rire,
collectif, libérateur, dans le silence assourdissant de l'Univers.
Et ce rire vaut bien, sans doute, toutes les chaussettes chauffantes du
monde
Aussi, lorsque
l'on me dit "Mort, absurdité", je réponds, résumant Camus : "tant pis". Car il y a la joie, car il y a la vie, car il y a la tendresse, l'amour et l'entraide...
Les
Criminels par la pensée

Votée
en 1998, la Loi Gayssot est une loi d'un type nouveau : elle institue le
principe de crime par la parole... donc de la pensée.
Loi
Gayssot
[La
Loi Gayssot, votée en 1998, considère les propos racistes
et négationnistes comme des délits, passibles de condamnations au pénal.
Inutile de dire que l'auteur
(c'est à dire moi-même) ne soutient en aucun cas les thèses
répugnantes et absurdes dont la publication a à l'époque
été le déclencheur de cette mesure ("affaire" Garaudy). Mais en pénalisant
la parole, on fait un pas de plus vers la pénalisation de la pensée.
Instituer l’interdiction de dire des conneries, c’est proclamer qu’il y a une orthodoxie et des hérésies de la pensée. Cela ne peut
en aucun cas être justifié par un régime qui érige
en fondement la liberté de pensée. Ensuite, comme nous le
montre l’histoire des idées, la vérité fluctue dans
le temps, bordel de dieu. Ce qui, aujourd’hui, peut sembler subversif, non seulement ne
l’était peut-être pas hier, ou dans d’autres régions
du monde, mais peut-être ne le sera pas demain. Considérer
une pensée comme moralement subversive, c’est faire preuve à
mon avis d’une grande imprudence intellectuelle. Comment pouvons-nous être
sûr de détenir des vérités objectives absolues
? Le crime par la pensée ne doit pas être. Les idées
fausses, précisément, finissent toujours par apparaître
comme telles. D'autre part, les auteurs de cette loi manquent singulièrement
leur but. Tenter de dissimuler une idée n'a jamais suffi à
la faire disparaître. Bien au contraire, même : en les
réprimant, ne contribue-t-on pas en effet à fabriquer de faux martyres,
à partir de personnes que nous considérons, à juste
titre ou non, comme des imbéciles, et donc à donner du grain
à moudre à leurs partisans ? C’est là leur donner
un crédit et un statut de martyre qu’ils ne méritent peut-être
pas.]
Crime
par la pensée.
Ainsi,
l’Etat, en faisant de certaines opinions un délit, déborde
de sa sphère dans la sphère privée, puisque ces thèses
ne menacent pas directement l’ordre public (puisqu'il existe déjà
des peines pour le délit de trouble de l'ordre public, ou d'incitation
à la violence). Les habitants des "démocraties libérales"
vivent donc de fait sous un régime de « liberté surveillée
».
La
vérité est ailleurs, la fin du monde est proche, repentez-vous,
repentez-vous.
Nous vivons dans une société qui a été lentement pourrie par l'argent et le système de valeurs bourgeoises qui s'y rattachent. Comment ?
L'Argent
La
conscience de notre mort. Voilà ce qui fait de nos vies une totale
absurdité. Voilà ce qui devrait permettre à chacun
d'entre nous de se suicider sans remord.
Si
les hommes ne se suicident pas, si les hommes continuent de vivre malgré
tout, c'est parce qu'ils espèrent atteindre le bonheur.
Qu'est-ce
qu'un Dieu, sinon une promesse de bonheur ?
Pendant
des millénaires, la raison faible des hommes a trouvé dans
l'imagination de ces dieux un réconfort face à l'absurdité
de la mort.
Mais
les bourgeois sont des raisonneurs. Ils ont pliés la religion à
leurs caprices, et, surtout, ont vu le possible remplaçant de ces
idoles détruites.
Notre
monde a perdu ses Dieux, et les hommes ont cru en retrouver un dans l'argent.
Précisément,
c'est la quête effrénée de l'argent, Graal
insaisissable, promesse jamais tenue de bonheur, qui a permis l'immense
progrès technique puis technologique ces derniers siècles.
Mais
cela ne justifie pas tout. Si l'argent a en effet permis aux humains de
se mettre à l'abri de la faim et du froid, d'améliorer considérablement
les conditions de la vie humaine, il est vrai aussi cependant qu'il est
aujourd'hui le vecteur d'immenses catastrophes. D'abord, si aujourd'hui
la haine entre les hommes se maintient, malgré les progrès
phénoménaux de l'Esprit, c'est en grande partie par sa faute ; mais de plus, l'argent menace aujourd'hui de mort notre planète
entière.
Mais
cela, chacun de nous, tout le monde le sait ! Et tout le monde semble trouver
cela parfaitement "naturel"... Or, rien de moins "naturel" que l'argent.
L'argent fausse l'ensemble des rapports entre les êtres humains ;
domination d'avortons riches sur des pauvres forts -sélection naturelle
inversée !, rapports de luttes de classes éternelles, perpétuées
par les classes possédantes.
Or
l'organisation d'une société ne se maintient que par l'adhésion
de ses membres au modèle qu'elle propose... Ce n'est pas la société
qui nous fait, c'est nous qui faisons la société ; c'est
nous qui décidons de l'avenir ; c'est notre devoir de mettre fin
aux aberrations que notre société engendre : UN AUTRE MONDE
EST POSSIBLE ! (Et même peut-être en dehors d'Attac, des forums sociaux et des "altermondialistes" de la veille ou du lendemain. Peut-être pas maintenant, peut-être pour nos
enfants, ou les enfants de nos petits-enfants. Mais il faut nous refuser à mourir en n'ayant pas pris
conscience ni agi contre l'injustice, contre la destruction de la planète
-et de ses habitants.
L'argent est un outil commode. Mais ne peut-on pas rêver d'un
autre mode de rapports sociaux ?
Rêvons, espérons. N'écoutons pas les morts-vivants
qui font mine de se moquer des idéalistes, parce qu'ils les craignent.
Merde à l'argent.
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