Retour à Sami.is.free


Die Yuppie Scum

 

Cette page rassemble divers textes d'un jeune lycéen agacé. Entre-temps, le lycéen a vieilli. Il s'est durci. Probablement moins naïf qu'autrefois, désabusé, presque cynique, il est aujourd'hui passablement plus suicidaire qu'alors.

Il pourrait les récrire aujourd'hui. Certes, il utiliserait d'autres formules, un style moins indigeste. Il intitulerait cette page "Bréviaire" ou peut-être même "Déblatérations désabusées" plutôt que "Chronique". Mais il ne renierait pas ces idées. Plus justement, il ne pourrait pas le faire sans faire crever d'abord l'adolescent qu'il a été.

 

Johannes von Wieshoffen

Au sommaire
Le monde est bien triste
La glorieuse marche du monde vers le précipice est accélérée par la veulerie de nos congénères.
Comment la Technologie fait de nous des robots
Notre monde connaît depuis quelques siècles une explosion technologique qui envahit peu à peu toutes les strates de notre vie. Ce qui facilite d'autant le contrôle et l'espionnage permanents, la centralisation des informations aidant.
Les Criminels par la pensée
Comme dans 1984... La loi Gayssot, voilà le cauchemar du contrôle de la pensée qui se matérialise sous nos yeux... et avec la bénédiction de nombreux intellectuels !
L'Argent
L'argent pourrit nos vies, notre planète. Au fond, à quoi sert l'argent ? A faire progresser l'humanité ? A nous donner l'illusion d'un sens ? A maintenir des inégalités ?
S o m m a i r e
Le monde est bien triste
La glorieuse marche du monde vers le précipice est accélérée par la veulerie de nos congénères.
Comment la Technologie fait de nous des robots
Notre monde connaît depuis quelques siècles une explosion technologique qui envahit peu à peu toutes les strates de notre vie. Ce qui facilite d'autant le contrôle et l'espionnage permanents, la centralisation des informations aidant.
Les Criminels par la pensée
Comme dans 1984... La loi Gayssot, voilà le cauchemar du contrôle de la pensée qui se matérialise sous nos yeux... et avec la bénédiction de nombreux intellectuels !
L'Argent
L'argent pourrit nos vies, notre planète. Au fond, à quoi sert l'argent ? A faire progresser l'humanité ? A nous donner l'illusion d'un sens ? A maintenir des inégalités ?
 
Retour vers SamiWeb
Unhappy Magazine ! le webzine qui @*#¤% !
Le monde est bien triste

LE DÉGOÛT
Oh que le monde m’énerve.

I : De plus en plus « Khôbzistes (1) » (de l'arabe khôbz, le pain), les gens ne pensent plus qu'à leur pain, leur bière, leur match de foot et leur lecteur DVD, négligeant ou méprisant les idées et l’expérience des siècles, laissant derrière eux leurs propres idéaux de jeunesse, annihilant par-là même toute chance au monde de devenir meilleur, les gens sont bornés et  complètement anti-existentialistes ; cela n'a pas toujours été ainsi. Les années de la guerre froide ont eu cela de bon qu'elles ont forcé les consciences à prendre parti, à se déterminer ; de même que la Grand-Peur de l'Atome a forcé les individus à prendre conscience de leur vulnérabilité, de leur finitude, et leur a fait prendre conscience de ce que ni le monde ni l'espèce n'étaient éternels. La situation actuelle est le signe d'une formidable régression intellectuelle.

II : Le responsable, c’est le régime, c’est cette démocratie fausse qui tend (serait-ce inexorable ?) à déresponsabiliser ses citoyens, donc à laisser à d’autres le soin de penser et de parler à leur place. Ils (se) « laissent faire ». Et ce penser, et ce parler, ce n’est rien d’autre que celui de l’Economie-Reine, cette gigantesque erreur morale (ou pour parler plus précisément ce gigantesque mensonge ), acceptée par la quasi-totalité des citoyens, dans un consensus mou, et qui pourtant suppose dans ses hypothèses que l’homme ne peut prétendre atteindre le bonheur sans chaussures de sport américaines ni sans canapé en peau de travailleur pakistanais, ce qui au premier abord, il faut bien le reconnaître, peut paraître absurde. « Le bonheur, c'est l'accumulation ! », crient, enthousiastes, et un brin fanatiques, les adeptes du Veau d’Or, dont les griffes crochues labourent sans scrupule les chairs pour y planter des sous. Le bonheur, c’est donc l’accumulation.

III : La vérité, c’est que le régime mondial (car il s’agit bien d’un régime mondial), capitaliste et boursier, tend à dériver vers une oligarchie économique, à la tête de laquelle se trouve une infime partie de la population.

IV : Et ce sont ces oligarques qui, grâce aux puissants moyens de propagande dont ils disposent, se font les promoteurs, voire les incarnations vivantes de l’apologie de ce système, en bons gourous qu’ils sont. Ils possèdent, à travers les chaînes de télé, de radios, la presse écrite, magazine, autoroutes de l’information et caetera, les haut-parleurs du monde entier, ce qui leur donne le pouvoir (et ils en ont parfaitement le "droit") de nous déverser à longueur de vie dans le crâne leurs mugissements et spéculations anti-métaphysiques.

V : Ils sont vite rejoints, par mimétisme, par lèche-bottisme, par la catégorie « carriériste » de la population (formée de moutons bornés notoires), qui pourra répandre ce fiel vicieux dans toutes les couches de la population, et forcent la société à se conformer à un schéma établi selon leur propre système de valeurs, partant d’un haut qu’ils définissent eux-mêmes, atteignant les unes après les autres les classes ainsi formées de la nouvelle société, qui prend donc peu à peu une forme pyramidale.

VI : Si bien qu’au final, le pouvoir des oligarques n’est appelé qu’à grandir encore et encore…
Et c’est avec la bénédiction d’une écrasante majorité de la population, désormais acquise à leur « cause », parfaitement intégrés dans la pyramide, ne concevant même plus d’existence possible en dehors de cette pyramide (si bien que ceux qui en sont encore « exclus » apparaissent comme des marginaux, voire pire, comme des victimes), que les oligarques prôneront la disparition totale de l’Etat (qui s'incarne dans ce que l'on appelle aujourd'hui avec nostalgie le "service public"), seul obstacle encore réel au triomphe total du Capitalisme ® , ce grand monopoly, d’où, l’unique règle étant la loi du plus riche, ils sont certains de sortir vainqueurs, dusse pour cela la planète devenir un immense tas de mazout, dussent pour cela crever cent millions de malheureux. L'Etat ne doit pas disparaître. Pas comme ça. Pas maintenant.
Mais où va le Monde ?

J’avais donc bien raison, ce monde est à vomir.
Petit paragraphe d’énervement gratuit mais néanmoins toujours distrayant, et même salvateur lorsqu’on a les nerfs en pelote comme moi en ce moment.

(c) Johannes von Wieshoffen (1999).
écrivez-nous : fierkapitaliste@yahoo.fr
haut de la page


(1) : Ce mot à la racine arabe veut désigner la masse crasse et incalculable de ces gens dont le but apparemment unique dans la vie consiste, bien évidemment sans jamais manifester une quelconque trace de pitié pour leurs semblables, à amasser égoïstement de rondelles métalliques, ainsi que divers autres biens, tous plus superflus les uns que les autres. Et ainsi tout au long de leurs médiocres vies d’esclaves consentants, avec une application et une dépense d’énergie qu’il ne leur viendrait même pas à l’esprit de déployer pour leur propre développement physique ou moral (privilège réservé à l’élite de l’élite, qui passe ses mercredis à jouer au golf, pour… « augmenter sa productivité » !), et naturellement encore moins pour le bien de l’humanité entière.
J’avais donc bien raison, ce monde est à vomir.

 

Retour vers SamiWeb
Unhappy Magazine ! le webzine qui @*#¤% !

Progrès technique et démocratie

Le 20e siècle fut l'ère des plus profonds bouleversements jamais connus par l'humanité. Les révolutions technologiques ont radicalement transformé nos vies et notre environnement ; naturellement, cette course folle ne peut pas manquer de soulever de nombreuses questions, dont la plus cruciale (si, si...) : "où va t-on ?"

Le changement de millénaire n'est pas pour rien dans la soudaine prise de conscience des masses qu'une ère nouvelle s'ouvre avec "l'an 2000". De fait, il est temps aujourd'hui pour nous de nous arrêter un instant, et de prendre suffisamment de recul pour envisager les avenirs possibles. Vers quel monde, vers quelle société allons nous ? Mais l'on ne peut se poser cette question sans se demander si la technologie qui fait de nous des demi-dieux ne sera pas, demain, l'outil privilégié de nos geôliers.


Première force : l’État.
L'Etat, la sécurité, et la liberté.
Crime par la pensée.
Mort du rêve et du projet humaniste
Pensée Unique
L'illusion du Choix, relayée par la publicité et les médias
Halte à la Croissance ?
Progrès et démocratie feront-ils bon ménage au 21e siècle ? Et si le progrès technologique exponentiel que le 20e Siècle a connu ne faisait que nous mener précisément à ce que la publicité et l’idéologie ambiante s’efforçent de détester, et à quoi elles nous mènent pourtant à marche forcée, c’est à dire : à une forme nouvelle de totalitarisme ? Cette interrogation n’est pas sans éveiller de vieilles peurs. Pour une raison bien simple : parce que le progrès permanent tel que nous le connaissons est dirigé –cela tout naturellement- par deux forces, auxquelles il doit certes son existence, mais dont le contrôle échappe au commun des mortels, et dont les intérêts ne sont parfois pas compatibles avec ceux des citoyens et de la démocratie. Ces deux forces, sont : l’État et les entreprises. 

Première force : l’État.
C'est une évidence : la contribution de l’État, financière, morale, la pression qu’il a exercé en tant que client, ont été des moteurs essentiels, voire même des éléments vitaux dans le bond de la recherche et développement dès le 19e siècle. Cette contribution est aujourd’hui encore essentielle : la campagne que les états, américains, européens, ont mené en faveur du développement du réseau Internet, les législations adoptées par les gouvernements au niveau international, dans des domaines aussi différents que ceux des réseaux informatiques ou encore des manipulations génétiques, en sont des preuves bien connues de tous. Par ailleurs, l’état est le premier intéressé par les progrès de nature technologique ou matériels que connaît le territoire qu’il a pour charge d’administrer, ne serait-ce que pour des raisons de Défense ou simplement de prestige extra-national.

Deuxième force : Les entreprises.
Nous ne parlons pas là de toutes les entreprises, mais, bien entendu, des grands trusts, ces titanesques et monstrueux conglomérats impersonnels nés de fusions, d’OPA et de « mariages » ultra-médiatisés. Il faut noter combien certains médias, se complaisant dans l’idéologie dogmatique néo-libérale, se font l’écho de ces évènements dramatiques avec un enthousiasme qui dépasse bien souvent le stricte cadre de l’objectivité journalistique (ce qui ne les empêche pas de la revendiquer benoîtement).
Ces groupes à taille inhumaine exercent aujourd’hui une influence tout-à-fait considérable sur l’économie mondiale. Ils sont devenus les principales sources du progrès technologique dirigé dans le but de son exploitation commerciale. La vision capitaliste de l’économie privilégiant une logique de profit (appelons les choses par leur nom), a ainsi intégré pleinement la recherche scientifique : cela a pour conséquence d’orienter les découvertes technologiques dans une optique toujours capitaliste de recherche non pas du bien général, non plus de l’idéal scientifique, mais du profit, du profit des quelques oligarques qui détiennent aujourd’hui le pouvoir économique effectif.
Nous les appelons oligarques, car leur existence est une réalité ; cependant, cette appellation ne renvoie pas à une classe aux contours biens définis. Leur nombre reste par conséquent inconnu, fluctuant. Nous appelons oligarques les personnes dont les décisions et les actes influent de manière directe et consciente sur l'économie réelle. Ces oligarques ne recherchent aucunement le bien de l’humanité (ou alors, de manière marginale, pratiquant une charité bien ordonnée pour s'acheter une bonne conscience).
Les
oligarques cherchent à susciter des profits toujours plus grands. Pour l’entreprise, il s’agit donc de consolider son assise et donc de pérenniser les profits, et notamment ceux qui sont effectués en bourse, donc encore soumis à de potentielles fluctuations. Il s’agit donc de s’assurer la fidélité des « consommateurs ». Pour cela, et cela est inscrit dans la logique-même du capitalisme, l’entreprise cherche à prévoir et à anticiper les « besoins » et les réactions de chaque consommateur, ce qui la pousse à commander des études de marchés, à développer des offres de fidélisation, aussi. Ces manoeuvres ont pour but idéal d’aller vers une garantie totale de fidélité des clients aux entreprises. Or, logiquement, plus la surveillance sera serrée, plus elle interviendra, mieux il deviendra possible de coller aux « besoins » et désirs des clients. Les progrès technique –notamment en matière audiovisuelle, de reconnaissance, se révèlent alors bien utiles à ces fins… On peut observer les prémices de telles pratiques, notamment dans des procédés tels que les enquêtes d’opinion, sondages, études de marché, etc. Mais aussi, sur Internet, dans le fichage, le traçage des visteurs et des clients.
La loi du « marketing », comme celle de la publicité, comme celle des « relations publiques » (ce qu’autrefois on appelait avec moins de pudeur « propagande »), repose sur la tentation de constituer une science des comportements du consommateur, mais, surtout, de sa manipulation. 
Dès lors que l'on cherche à rendre son comportement totalement prévisible, le consommateur devient alors une proie sans humanité. Au mieux, c’est un mouton auquel l'on donne un berger. Au pire, c’est un animal qu’il s’agit d’attirer dans un piège.
C’est bien là la conception de l’homme qu’ont les capitalistes. (Rousseau…) 

L'Etat, la sécurité, et la liberté. 
Quant à l’État, celui-ci a naturellement tendance à affiner sans cesse la surveillance qu’il exerce sur ses administrés, parce que cela est inscrit dans son système de fonctionnement même. La plupart du temps, d’ailleurs, ce phénomène a pour but affirmé d’assurer "l’ordre public" -une notion par ailleurs bien subjective-, ainsi que "la sécurité des citoyens". Nos États occidentaux peuvent aujourd’hui donner l’impression de vouloir « garantir les libertés fondamentales », comme le dit l’expression consacrée. Pourtant, qu’en est-il dans la réalité ?
Le souci de sécurité et celui de liberté n’ont jamais fait bon ménage, et aujourd’hui, comme hier, cette maxime se trouve vérifiée par les faits. Car sous le prétexte d’impératifs de sécurité, ou même –c’est un comble- de protection des libertés individuelles, c’est l’ensemble du corps des citoyens qui se retrouve sous la paternelle et quelque peu envahissante surveillance de l’État. Cette surveillance, nous la connaissons sans même nous en choquer ou nous en étonner, tant elle est devenue routinière : de fait, nous croulons sous une quantité invraisemblable de contrôles qui nous semblent bien naturel : cartes d’identité, passeport, permis de conduire, comptes bancaires, diplômes, impôts, et même, certificats de décès. De telle manière que chaque citoyen fait, dès sa naissance, et continuellement jusqu'à sa mort, l’objet d’une surveillance étroite, d’une collecte d’informations, et d'un encadrement des plus rigoureux. Cela ne s’arrête pas là, puisque la plupart des Etats, par le biais de leurs services de renseignement, s'efforcent par ailleurs de ficher et de surveiller les individus qui n’adhèrent pas à l’idéologie dominante, ceux qui le font trop savoir, ou, pire encore, ceux qui commettent un prosélytisme subversif. Un pays comme la France lui-même, et ce malgré tous les idéaux qu’il est censé incarner, en est à un état avancé de surveillance de la pensée. Il y avait déjà des « mauvaises pensées », celles qui condamnaient leur auteur à la vindicte : racisme, communisme, et d’autres encore, variables selon les époques ; aujourd’hui, ces personnes deviennent véritablement des « criminels par la pensée », puisqu'ils peuvent désormais être tenus pour pénalement responsables de leurs paroles, et que des châtiments légaux sont ainsi prévus pour ceux qui s'écarteraient un peu trop du troupeau.  C'est là l'éternel paradoxe, le choix nécessaire entre liberté et sécurité. Entre la liberté et la sécurité, l'Etat choisit -car c'est dans la logique de tout Etat- la sécurité.
(voir notre article sur la Loi Gayssot) 

Crime par la pensée. Ainsi, l’Etat, en faisant de certaines opinions un délit, déborde de sa sphère dans la sphère privée, puisque ces thèses ne menacent pas directement l’ordre public (puisqu'il existe déjà des peines pour le délit de trouble de l'ordre public, ou d'incitation à la violence). Les habitants des « démocraties libérales vivent donc de fait sous un régime de « liberté surveillée ».
Pour en revenir plus précisément à notre sujet, le progrès technique ne sert dès lors qu’à renforcer la surveillance exercée sur les citoyens. C’est ainsi par exemple que les progrès en biologie interviennent à présent jusque dans les enquêtes de Police : la génétique elle-même trouve sa place désormais dans  leurs résolutions. Pour l’instant, il s’agit essentiellement d’identifier des criminels. Mais peut-être viendra-t-il, le jour où ces tests génétiques serviront à élucider d’autres crimes moins graves… Puis, de même, un jour, pourquoi pas les crimes par la pensée.
Toute forme de discussion, de débat ou de contestation constructive de la société dans ses bases deviendrait alors impossible, ce serait la mort de la démocratie et l'avènement d'un régime totalitaire à la Orwell.

Mort du rêve et du projet humaniste
[D’autre part, le progrès étant posé en dogme, en principe sacré, le projet ou le rêve politique seront qualifiés soit de "réactionnaire" (car vouloir arrêter le progrès technique, c'est être "réactionnaire") soit "d'utopique". Bien utile, vraiment, ce mot d’«Utopie », pour balayer avec dédain toute remise en cause intelligente de la société telle qu’elle est, et de ses principes.

On écoute le fasciste, on écoute le réactionnaire : leurs projets semblent "crédible", pour employer une terminologie de marketing politique. Le fascisme, l'autoritarisme, sont des méthodes de management alternatives à la démocratie, et à ce titre, on suppose qu'elles méritent d'être connues, ne serait-ce qu'afin de s'en servir comme épouvantail. L'utopie, en revanche, n'est pas "crédible". C'est du flou, c'est du vague. C'est pas l'utopie qui va payer les retraites des vieux.

Mais là apparaît un danger qui menace directement nos civilisations de sclérose, donc de vieillissement, et de mort relativement rapide. Ecarter le rêve, la projection, la construction intellectuelle d'une utopie, c’est écarter le doute, alors que sans doute la société n’est pas parfaite, et qu’elle mériterait d’être améliorée ou modfiée.
(Ainsi, la pensée socialiste telle qu'a pu la connaître le 20e siècle, a été d'un apport considérable à la société capitaliste. A son corps défendant, d'ailleurs, elle a contribué à l'humaniser, et aussi à lui redonner de la vie, ne serait-ce que par le débat intense qu'elle a entraîné dans le monde entre ses partisans et ses détracteurs. Elle a forçé le capitalisme à entamer une évolution -ce qui était la condition de sa survie -lors de crises graves, comme celle des années 30, ou de l'immédiat après-guerre).
Le progrès technique est bien entendu nécessaire à la survie d’une civilistaion ; mais ce progrès ne doit pas être simplement technique : il doit être aussi, nécessairement, un progrès de l’Esprit, un progrès de la pensée critique ; pensée critique qui ne peut exister que dans une société où serait acceptée la diversité des opinions, où le débat vrai serait le seul moyen de déterminer l’adhésion à une thèse. Or, ce « dogme » du Progrès technique ne tolère pas aujourd’hui le débat, et occulte toutes les thèses adverses, qui mériteraient, pourtant, pour certaines d’entre elles, qu’on s’y attarde. Il y a véritablement une « pensée univoque » du progrès dans notre civilisation.]

Pensée Unique, pensées univoques - Y a-t-il une "Liberté" du consommateur ?
L’Etat est complice de ce phénomène de « pensée unique ». Que ce soit consciemment (corruption, intérêts particuliers) ou inconsciemment (aveuglement individuels et collectifs), ses acteurs participent bien souvent à la justification de cette société de consommation. L’Etat finit par intégrer celle ci à son projet : consommation et marché-roi deviennent des paradigmes, que l’Etat justifie et s’adjuge, manipulé par des politiciens intéressés ou aveugles, et tend ainsi à saper lui-même ses propres bases. 
L'illusion du Choix (cf. Gilles Lipovetsky, par ailleurs très à la mode dans les cours de socio et chez les rebelles d'écoles de commerce), relayée par la publicité et les médias, imprègne notre société et la contraint à la consommation. Plus inquiétant encore est que les grandes compagnies en viennent peu à peu à exercer leur propre modes de contrôle sur ceux que l’on appelle désormais les « consommateurs », et participent à leur tour au progressif encerclement de la population, se faisant, parfois même, les complices de l’État dans sa tentation de surveillance et de contrôle global de la société. Notamment lorsque ces compagnies se font le vecteur, via la publicité et les mass media, d’une idéologie qui se voudrait libertaire, et qui fait l’apologie de cette société de consommation en tant qu’exemple ultime de civilisation de la Liberté. Cette croyance repose sur la thèse néo-libérale selon laquelle la liberté économique offrirait aux individus le choix de ce qui leur convient, selon leurs désirs réels ou suscités, leurs "goûts" ou leur personnalité propre, etc. comme j'en rirai si ce n'était pas si tristement dégueulasse !...

Cette idéologie de la « personnalisation » est en réalité fondatrice d’une nouvelle société du « choix », par opposition à l’uniformité forcée qui règnerait dans les régimes totalitaires traditionnels ; Chaque société a certes ses propres modes d’intégration et codes sociaux. Notre société est une société dans laquelle la condition d’intégration est la possession, et le critère de réussite sociale est l'accumulation. Dans laquelle fortune fait force de vertu, dans laquelle chacun est jugé non pas sur des qualités humaines ni même intellectuelles, mais bien en grande partie sur ses biens matériels, son capital, motif de honte ou de fierté sociale par excellence. Dès lors, « choix » ne signifie pas « liberté », lorsqu’il devient impossible de ne pas acheter et de ne pas choisir. Entre un Tee-Shirt Z et un Tee-Shirt W, je dois de toutes façons choisir un Tee-Shirt ; entre un presse-purée X ou un presse-purée Y, je dois de toute façon choisir un presse-purée. Ces "choix" ne sont pas motivés par une vision rationnelle de leur utilité. C'est la société qui m'y contraint -non pas par la force, mais par la pression sociale, pression sociale alimentée par la publicité et les médias. Sans quoi je suis voué à la ringardise, c'est-à-dire à l'obsolescence, autant de maux qui me condamnent à la moquerie et, plus ou moins, participent à ma mise au ban de la société. Des condamnations sociales, en somme, mais qui ne sont certes pas moins dissuasives que des condamnations pénales. Notre civilisation du Progrès nous oblige ainsi à la consommation éternelle, ne serait-ce que pour permettre le renouvellement continu de nos biens auquel elle nous condamne. C'est là une forme de totlitarisme, ou même de terrorisme, qui nous force par la peur à commettre des achats que nous n'aurions sans doute pas fait. Un terrorisme de la consommation et du Progrès obligatoire, de la "mise à jour", de la modernisation. Où est la liberté des individus lorsque leur énergie est consacrée à la satisfaction de besoins superflus, à la fabrication et à l’achat de gadgets ? Les individus se trouvent enfermés dans la société de consommation sans aucune échappatoire, sinon la marginalité, qui est la pire des condamnations sociale. Notre société est une société où les individus n’ont pas le choix. Une société libertaire en apparence, totalitaire en fait. Voilà ce qui peut-être nous guette. 

Halte à la Croissance ?
Il est peut-être temps alors de « faire une pause », d'allumer une cigarette (ou pas), de s’arrêter et de se donner un temps de réflexion, de prendre le recul nécessaire pour voir où toute cette flambée capitalistico-scientifique peut bien nous mener. Nous sommes les pilotes en état d’ivresse d’une machine lancée à plein régime dont les moteurs se sont emballés. Grisés par la vitesse, nous accélérons toujours plus… Et pourtant, ralentir devient alors une nécessité pour éviter le mur. Pensons à Icare. Pensons à ce crétin d'Ayrton Senna. Et pensons aussi à Internet, ancêtre du télécran d’Orwell.

Il ne s’agit pas, pourtant, comme le caricaturait déjà abusivement un Voltaire, de se « remettre à quatre pattes et de manger de l’herbe », il s’agit simplement d’ôter ce bandeau que nous avons sur les yeux et qui nous empêche de regarder les choses comme un tout.

Si la démocratie est le seul régime acceptable, (même s’il mérite des aménagements (de fameux aménagements)) ; la démocratie est menacée par le Progrès technique aveugle ; ce dernier est-il nécessaire au bonheur ? Nous continuerons toujours de vieillir, et de mourir, demain toujours aussi bêtement qu’hier. Et si le progrès peut nous donner l’illusion d’un sens, ce n’est qu’une vanité, car la vie est et restera toujours une tragédie. Vive la machine à laver, vive les robots-mixeurs ! Mais, quitte à devoir choisir, je préfère la liberté au progrès. Car que signifient les autoroutes, les téléphones portables, Internet ou les chaussettes à chauffage intégré au regard de l’immensité de l'univers, de la finitude des choses, de l'humain, et de la vie ?

You may say I'm a dreamer, mais il reste des évidences : la joie simple de vivre avec les autres, de vivre même simplement, même d’amour et d’eau fraîche, est à elle seule un éclat de rire, collectif, libérateur, dans le silence assourdissant de l'Univers. Et ce rire vaut bien, sans doute, toutes les chaussettes chauffantes du monde
Aussi, lorsque l'on me dit "Mort, absurdité", je réponds, résumant Camus : "tant pis". Car il y a la joie, car il y a la vie, car il y a la tendresse, l'amour et l'entraide...

(c) Johannes von Wieshoffen (1999).
écrivez-nous : fierkapitaliste@yahoo.fr
haut de la page
 
Retour vers SamiWeb
Unhappy Magazine ! le webzine qui @*#¤% !


Les Criminels par la pensée

Votée en 1998, la Loi Gayssot est une loi d'un type nouveau : elle institue le principe de crime par la parole... donc de la pensée.

Loi Gayssot
[La Loi Gayssot, votée en 1998, considère les propos racistes et négationnistes comme des délits, passibles de condamnations au pénal.

Inutile de dire que l'auteur (c'est à dire moi-même) ne soutient en aucun cas les thèses répugnantes et absurdes dont la publication a à l'époque été le déclencheur de cette mesure ("affaire" Garaudy). Mais en pénalisant la parole, on fait un pas de plus vers la pénalisation de la pensée. Instituer l’interdiction de dire des conneries, c’est proclamer qu’il y a une orthodoxie et des hérésies de la pensée. Cela ne peut en aucun cas être justifié par un régime qui érige en fondement la liberté de pensée. Ensuite, comme nous le montre l’histoire des idées, la vérité fluctue dans le temps, bordel de dieu. Ce qui, aujourd’hui, peut sembler subversif, non seulement ne l’était peut-être pas hier, ou dans d’autres régions du monde, mais peut-être ne le sera pas demain. Considérer une pensée comme moralement subversive, c’est faire preuve à mon avis d’une grande imprudence intellectuelle. Comment pouvons-nous être sûr de détenir des vérités objectives absolues ? Le crime par la pensée ne doit pas être. Les idées fausses, précisément, finissent toujours par apparaître comme telles. D'autre part, les auteurs de cette loi manquent singulièrement leur but. Tenter de dissimuler une idée n'a jamais suffi à la faire disparaître. Bien au contraire, même : en les réprimant, ne contribue-t-on pas en effet à fabriquer de faux martyres, à partir de personnes que nous considérons, à juste titre ou non, comme des imbéciles, et donc à donner du grain à moudre à leurs partisans ? C’est là leur donner un crédit et un statut de martyre qu’ils ne méritent peut-être pas.]

Crime par la pensée.
Ainsi, l’Etat, en faisant de certaines opinions un délit, déborde de sa sphère dans la sphère privée, puisque ces thèses ne menacent pas directement l’ordre public (puisqu'il existe déjà des peines pour le délit de trouble de l'ordre public, ou d'incitation à la violence). Les habitants des "démocraties libérales" vivent donc de fait sous un régime de « liberté surveillée ».

La vérité est ailleurs, la fin du monde est proche, repentez-vous, repentez-vous.

(c) Johannes von Wieshoffen (1999).
écrivez-nous : fierkapitaliste@yahoo.fr
haut de la page
 
Retour vers SamiWeb
Unhappy Magazine ! le webzine qui @*#¤% !

Nous vivons dans une société qui a été lentement pourrie par l'argent et le système de valeurs bourgeoises qui s'y rattachent. Comment ?


L'Argent


La conscience de notre mort. Voilà ce qui fait de nos vies une totale absurdité. Voilà ce qui devrait permettre à chacun d'entre nous de se suicider sans remord.
Si les hommes ne se suicident pas, si les hommes continuent de vivre malgré tout, c'est parce qu'ils espèrent atteindre le bonheur.
Qu'est-ce qu'un Dieu, sinon une promesse de bonheur ?
Pendant des millénaires, la raison faible des hommes a trouvé dans l'imagination de ces dieux un réconfort face à l'absurdité de la mort.
Mais les bourgeois sont des raisonneurs. Ils ont pliés la religion à leurs caprices, et, surtout, ont vu le possible remplaçant de ces idoles détruites.
Notre monde a perdu ses Dieux, et les hommes ont cru en retrouver un dans l'argent.
Précisément, c'est la quête effrénée de l'argent, Graal insaisissable, promesse jamais tenue de bonheur, qui a permis l'immense progrès technique puis technologique ces derniers siècles.
Mais cela ne justifie pas tout. Si l'argent a en effet permis aux humains de se mettre à l'abri de la faim et du froid, d'améliorer considérablement les conditions de la vie humaine, il est vrai aussi cependant qu'il est aujourd'hui le vecteur d'immenses catastrophes. D'abord, si aujourd'hui la haine entre les hommes se maintient, malgré les progrès phénoménaux de l'Esprit, c'est en grande partie par sa faute ; mais de plus, l'argent menace aujourd'hui de mort notre planète entière.
Mais cela, chacun de nous, tout le monde le sait ! Et tout le monde semble trouver cela parfaitement "naturel"... Or, rien de moins "naturel" que l'argent. L'argent fausse l'ensemble des rapports entre les êtres humains ; domination d'avortons riches sur des pauvres forts -sélection naturelle inversée !, rapports de luttes de classes éternelles, perpétuées par les classes possédantes.
Or l'organisation d'une société ne se maintient que par l'adhésion de ses membres au modèle qu'elle propose... Ce n'est pas la société qui nous fait, c'est nous qui faisons la société ; c'est nous qui décidons de l'avenir ; c'est notre devoir de mettre fin aux aberrations que notre société engendre : UN AUTRE MONDE EST POSSIBLE ! (Et même peut-être en dehors d'Attac, des forums sociaux et des "altermondialistes" de la veille ou du lendemain. Peut-être pas maintenant, peut-être pour nos enfants, ou les enfants de nos petits-enfants. Mais il faut nous refuser à mourir en n'ayant pas pris conscience ni agi contre l'injustice, contre la destruction de la planète -et de ses habitants.

L'argent est un outil commode. Mais ne peut-on pas rêver d'un autre mode de rapports sociaux ?
Rêvons, espérons. N'écoutons pas les morts-vivants qui font mine de se moquer des idéalistes, parce qu'ils les craignent.

Merde à l'argent.

(c) Johannes von Wieshoffen (1999).
écrivez-nous : fierkapitaliste@yahoo.fr
haut de la page