Cabinet de Curiosités

Première lettre reçue le Mardi 28 Décembre 2004 (ici)

Deuxième lettre reçue le Vendredi 7 Octobre 2005 ()

Perdu dans un abyme de perplexité, animé pourtant d'une curiosité légitime, je soumets aujourd'hui cette étrange missive à la sagacité du public.

Toute information ou hypothèse quant à son ou ses auteurs sera la bienvenue.
Envoyez-les à l'adresse suivante : fier_kapitaliste@yahoo.com

Enquête mise à jour le 26 octobre 2005

Qui connaît mon adresse ? Personne ou presque,si ce n'est :

-Quelques amis d'enfance,

-Plusieurs amis de lycée,

-De rares petits camarades à Sciences-Po (et, naturellement, l'administration de ScPo... Peut-être cette lettre est-elle l'oeuvre d'un des bibliothécaires furieux de mes retards cumulés depuis un an),

-Deux ou trois "ex" -mais la démarche, autant que le style, ne me paraissent correspondre à aucune d'elles. En outre, je ne possède pas d'autographe de certaine d'entre elles, ce qui empêche toute comparaison.

(Voir la deuxième lettre)

 

Le cachet de la poste indique que la lettre a été envoyée à Bercy, un endroit où je ne connais personne

 

Bordure dentelée, travail sans doute artisanal effectué à l'aide d'une paire de ciseaux spéciale

 

L'unique faute flagrante, que l'on attribue à une distraction causée par la fatigue, l'alcool ou même l'excitation.

 

La seule phrase dans laquelle l'auteur me prouve (cherche à me prouver ?) qu'il me connaît.

 

Reste à connaître LE MOBILE, comme dirait ce fou furieux de Timmy

 

 

31 Décembre 2004 : Une lectrice fort aimable suggère que "cette charmante jeune fille" est peut-être une amoureuse anonyme cherchant, peut-être sans vouloir se l'avouer à elle-même, à attirer l'attention.

Cette hypothèse a deux mérites essentiels :

- En premier lieu, la formulation de cette hypothèse intuitive permet, en s'attaquant au profil de l'auteur par une habile combinaison d'analyse graphologique et psychologique, d'orienter les recherches de départ, ce qui pourraient nous éviter la dispersion dans les détails (stylistiques, par exemple) -malheureusement, il se trouve que l'auteur de cette enquête a très, très envie de se perdre dans les détails inutiles.

- En second lieu, cette hypothèse de "l'amoureuse anonyme" mérite que l'on s'y attarde, car elle flatte immodérément mon égo.

Les principales réserves apportées par notre perspicace informatrice à sa propre hypothèse tiennent à la réalité de l'identité sexuelle de l'auteur. Si l'écriture semble bien être celle d'une "charmante jeune fille" (hé hé hé), il se pourrait que celle-ci ait été volontairement masquée, adroitement déguisée, ou plus vraisemblablement encore, dictée.

 

L'analyse suit son cours

 

 

22 Janvier 2005 :

L'INSOLENTE CREATURE

La nouvelle est tombée hier en fin de soirée. Elle a fait l'effet d'une bombe dans les milieux proches de l'enquête : l'auteur de la "lettre à écrire pour ne rien dire" est enfin démasqué.

Ainsi donc, en dépit de la mobilisation sans précédent d'un réseau de dizaines d'experts bénévoles (parfois brillants), un fait essentiel avait échappé à la perspicaité des enquêteurs : l'auteur de la "lettre à écrire pour ne rien dire" n'était autre qu'un illustre chansonnier français mort il y a tout juste trente ans : Pierre Dac (1893-1975).
La découverte a été faite par un certain Julien G., qui, appliquant les méthodes américaines auxquelles il a été formé, a procédé à la technique dite de "Google" grâce à quoi il a pu en un temps record mettre à jour la supercherie.

"Il suffisait d'y penser", a déclaré un Sami laconique et visiblement morose.

Le jeune héros a été immédiatement élevé par Sami au rang de Chevalier de l'Ordre du Moineau Agile (créé en 1992).


IMMENSE FILOUTERIE
La confrontation avec le texte original (que l'on peut consulter ICI) permet de dresser une liste de différences fort instructive.
On peut donc aujourd'hui, et il en est plus que temps temps, relever les procédés crapuleux auxquels a recouru l'être anonyme afin d'induire en erreur les enquêteurs.

Ainsi, par une actualisation subtile du texte original, l'être anonyme a (peut-être sciemment) cherché à laisser croire à une oeuvre spontanée : le passage du vouvoiement au tutoiement (exercice couramment pratiqué par les collégiens dans leurs devoirs de conjugaison) est à ce titre révélateur de sa perfidie. De même, l'évocation de faits se rapportant incontestablement à la vie de Sami (notamment le passage sur ses soeurs) laissait pernicieusement croire à l'oeuvre d'un proche. enfin, la référence à un contexte actuel : "Joyeux Noël".

"C'est une immense filouterie, et personne n'en sortira indemne", déclarait hier un proche de Sami sous couvert de l'anonymat.


L'ENQUETE CONTINUE
A présent que l'auteur de la lettre est démasqué, reste à savoir qui en est l'expéditeur.

Précisément, la découverte de ce que la lettre a été actualisée permet au moins d'exclure l'hypothèse d'un simple "blind blackmail", et confirme par ailleurs les remarques avancées dès les débuts de l'enquête (et notamment par la perspicace et prolixe Tiphaine P -qu'elle en soit d'ailleurs ici remerciée) :

LE MOBILE :

-S'il est vrai qu'on ne peut exclure l'hypothèse de ce que les psychologues d'ascenseurs désignent comme un "appel", le caractère non spontané de la lettre l'affaiblit considérablement.
-Au contraire, cet artifice quelque peu pervers semble même dénoter un certain degré de malveillance.
-La démarche peut être comprise comme le fruit d'un ressentiment frustré, peut-être même comme une vengeance sourde (et dans une ironique mesure, également muette), en tout cas sciemment stérile.
-A ce titre, la potentialité d'une responsabilité personnelle de Sami lui-même dans ce qui lui arrive doit être portée à un examen sans complaisance.
-Il reste cependant qu'une telle démarche ne peut être que le produit d'un constat amer de silence imposé par Sami (volontairement ou involontairement, cela reste à déterminer) à l'anonyme.

LE PASSAGE A L'ACTE :

Mûri et prémédité (ce qui supposerait de la part du correspondant une connaissance préalable de l'oeuvre de Pierre Dac), ou fortuitement motivé par la découverte accidentelle de ce texte ?

LA PSYCHOLOGIE :

Question liée à la précédente. L'INSOLENTE CREATURE a choisi de reproduire un texte à vocation humoristique.
Le procédé en question témoigne t-il d'un supplément de perversité, ou au contraire d'un simple manque d'imagination ?

L'IDENTITE :

L'identité de L'INSOLENTE CREATURE reste encore à déterminer, mais, compte tenu des éléments nouveaux apportés par la découverte de Julien G., l'étau se resserre autour d'un nombre toujours moindre de suspects.

(A suivre...)

Vos suggestions et/ou dénonciations sont attendues à l'adresse suivante : fier_kapitaliste@yahoo.com

 

Début février 2005 , un jeune homme remarquait très justement que l'adresse de Sami était disponible à partir d'une rapide consultation de "http://www.pagesjaunes.fr"... Sami, qui se croyait naïvement sur liste rouge, a dû déchanter. Bien fait.

 

Chapitre Second

Où notre jeune héros reçoit une seconde lettre anonyme.

(Retour au chapitre 1)

 

Lettre reçue le 7 octobre 2005

 

 

 

 

 

Retour à la première Lettre

 

 

 

 

LES FORT INTERESSANTES REMARQUES

de notre ami

L'ENQUETEUR-VEDETTE

JULIEN G.

Croisées et annotées par la victime

 

24 Octobre 2005.

"Rien de bien concluant, mais quelques questions pour stimuler ta réflexion.

- "Il faudrait se connaître bibliquement". Faut-il comprendre cela comme "il faudrait que toi et moi nous connaissions bibliquement" ? ie. que nous fassions du sexe ? Ce qui sous-entend que jusqu'ici cela n'a pas été le cas... aveu de désir ou effort d'une ancienne compagne pour brouiller ses traces ? Ou alors est-ce un aphorisme de portée générale - il faudrait que tout le monde se connaisse bibliquement ? Mais alors qu'est ce que ça pourrait vouloir dire ? Que tout le monde devrait baiser avec tout le monde ? Qu'on ne connait pas vraiment quelqu'un tant qu'on n'a pas couché avec ? (la personne serait alors marquée, peut-être plus qu'une autre, par l'expérience de l'incommunicabilité, que l'on tente de dépasser dans l'extase sexuelle - mais cette tentative n'est-elle pas vouée à l'échec ?) Ou alors "se connaître bibliquement" aurait-il un sens non sexuel que je ne connais pas ? (Exprimant par exemple un mode de connaissance antérieure à la chute, qui nous a été fermé en même temps que les portes du paradis ?) Hum, passons à la suite "

SAMI : c'est une expression entendue il y a quelques années, et à certains moments de ma vie, je l'ai beaucoup utilisée, un peu par un pédantisme que j'espère affecté ; mais surtout parce que je la trouvais à la fois friponne et délicate. Mon immense ego avait tendance à interpréter cette expression comme une invitation, voire comme une demande (!) ; mais vous avez, cher Julien, sut me permettre quelque recul.

 

- "et si on brûlait la Sorbonne". Euh ça tu dois être au courant depuis, c'est un graffiti de mai 68, écrit à même les murs de la vénérable institution. D'où question : s'agit-il vraiment d'un indice laissant entendre que l'expéditrice (let's assume it's a she) entretient un certain rapport avec la Sorbonne ? Ou ne serait-ce pas plutôt le symbole d'une attitude de rébellion ? (De rébellion en général, mais aussi de rébellion face à l'institution scolaire - un thème qui aurait pu lui être inspiré par ton scan de the catcher in the rye en page d'index ?). Bref, à mon avis, ne pas prendre cette phrase au pied de la lettre, surtout que l'expéditrice, si elle te connaît, sait que tu n'as rien à voir avec la Sorbonne, alors pourquoi te ferait-elle cette proposition ? Qui dans ton entourage est en rébellion par rapport au système scolaire en général ou à son école/université en particulier ? "

SAMI : Bravo. Non, vraiment. Très bien vu.

 

- "her self". En deux mots. Alors que ça devrait en être un seul. Ce n'est donc pas une "native speaker", et probablement pas une spécialiste non plus. Mais quelqu'un qui peut-être aime quand même l'anglais, sinon pourquoi l'utiliser ici ? Est-ce que tu as des gens dans ton entourage qui utilisent des mots/expressions anglaises sans crier gare au milieu d'une conversation ? (non je t'ai déjà dit que je n'avais rien à voir dans cette histoire). (by the way, tu pourrais m'envoyer un scan un peu plus précis de la signature ? je voudrais la forwarder à mes amis du labo pour analyse, on sait jamais...) "

SAMI : par malheur, beaucoup de gens de notre génération ont l'habitude de saupoudrer sans crier gare leurs phrases d'anglais. Mais peut-être doit-on y voir ici un souci d'éviter la banalité (ou la répétition). Ainsi, plutôt que de signer "moi-même", comme l'aurait fait n'importe quel anonyme, notre corbeau a préféré la langue alternative en usage dans les codes de la jeunesse contemporaine (non sans une hésitation toutefois, comme le montre la trace humide de l'effaceur sur le "her"). L'anglais "fait" plus distancié, voire smarty.

 

- "pas d'aztèques, pas de chocolat". Tu te rappelles de la "Jacobine", cette crêperie / salon de thé, cour du commerce Saint-André, où on était allé une ou deux fois ? Ils y font un "chocolat aztèque" absolument décadent. Tu n'y aurais pas emmené quelqu'un des fois ? (note en passant - c'était Agueda qui m'y avait emmené la première fois je crois, justement pour me faire goûter au chocolat aztèque). sinon, mais ça j'imagine que ta culture de collégien te l'a déjà rappelé, il y a la référence à cette populaire "histoire drôle" (?) ou un petit garçon manchot demande à sa mère, au supermarché, s'il peut prendre une tablette de chocolat, et sa mère lui dit qu'il n'a qu'à l'attraper, et il lui répond qu'il n'a pas de bras, et elle lui rétorque - "pas de bras, pas de chocolat". Qui dans ton entourage ferait référence à ce genre de blagues, apprécierait l'humour noir, etc. ? "

SAMI : en effet je me souviens de ce salon de thé, et en effet j'y ai entraîné un certain nombre d'amis... Cependant, la possible référence au "chocolat aztèque" qu'il propose ne m'avait pas même effleuré l'esprit ; j'y voyais plutôt une référence à l'histoire : "Sans les aztèques, nous ne connaitrions pas le chocolat". Une sorte d'allusion à la fatalité de l'histoire. Quant à la blague, je la connais. Je me rappelle même l'avoir répétée il y a peu devant témoin, à la suite d'une vision pathétique qu'il serait trop long d'expliquer ici. Mais cette hypothèse nouvelle est extrêmement intéressante. Peut-être est-ce un peu de tout cela, je ne sais pas.

 

- "Gédéon". J'ai croisé sur google "Gédéon" avec "scarabée" (j'ai l'impression que les deux dessins en représentent un) et je n'ai rien trouvé, sauf peut-être ce résumé de livre pour enfant, qui pourrait peut-être "ring a bell" chez toi ? (Probablement pas, mais on sait jamais, toutes les pistes sont bonnes à prendre dans une affaire de cette importance)

SAMI : rien...

 

- "tu connaîtras pas quelqu'un a qui il manque un bout de doigt par hasard, ça aiderait... ou essaie de repérer qui met du vernis à ongle rose. Ou quelqu'un qui soit passionné par les insectes ? Ou quelqu'un qui croirait vraiment que tu te couches tard, toute blague à part ?

Euh je m'arrête là parce que les idées commencent à avoir du mal à venir. je les sens bien qui se cachent quelque part au fond du crâne avec un long murmure, mais je me tâte en vain pour trouver la blessure."

Développements

Quelle "petite blonde du boulevard brune" ?

15 Février 2006

Après plusieurs mois d'un sommeil qui confinait à la léthargie, voire au coma, l'enquête sur les lettres anonymes reprend de la vigueur, et après l'intervention décisive de Monsieur Tim, prend une tournure à la fois poétique et géographique.
En proie à une très grande fébrilité (pour ne pas dire une fébrilité), celui-ci nous affirmait avoir découvert


1. Une chanson : Petite blonde du Boulevard Brune de Manu Chao

Regarde le texte, c'est édifiant. Surtout le passage avec "les kepis qui m'importunent"...

Autre coïncidence, mais moins pertinente : personne n'a commenté la phrase en espagnol "Mi corazon es tu corazon, mi vida es tu vida", des lapalissades très Manu Chao. Je ne vois pas d'autres explications. D'autant que le passage "que horas son mi corazon" se trouve dans la chanson "me gustas tu?", ce qui serait une invitation assez cohérente avec le reste de la lettre

Note également que le texte de Manu Chao joue simplement sur la polysémie de "blonde" . c'est évidemment soit une cigarette, soit une jeune fille. C'est bien ton genre de fumer des blondes tout seul dans la rue, le soir. Mais peut-être faut-il se demander quelle jeune fille blonde tu connais dans le 14e ?

2. La géographie du boulevard Brune

Le boulevard Brune selon © mappy.com Boulevard Brune - Mappy

Par ailleurs, Monsieur Tim suggère de chercher

 

 

SAMI.IS.FREE.FR