Mercredi 12 février 2003.
Mais déjà le rêve se termine.
Et me voici dans un vaste hall de gare ou d'aéroport, avec ses immenses verrières ornées de fer forgé.
C'est la première fois que je la revois, depuis presque neuf mois, me semble t-il. Maintenant nous parlons. Elle rit beaucoup. elle est heureuse de me retrouver ; elle ne m'en veut pas de ma disparition subite, ou plus tellement : elle me fait quelques reproches ironiques, mais sur un ton presque complice –et pourtant, elle frappe juste. Je crois que je lui révèle mon secret.
A présent, c'est elle qui me confie quelque chose : « Je suis enceinte » me dit-elle, « I'm pregnant ». « -And who's the father ? », je dis, soudain surexcité, calculant. « It's Ian », répond-elle ; et elle fait un geste en direction d'un jeune homme brun qui porte d'énormes lunettes, une veste de sport verte. Je suis terriblement déçu. « Nous allons nous marier » ajoute t-elle. « On a pris la décision après notre voyage à l'Ile Maurice. Ian est vraiment très riche » me confie t-elle en souriant. Une femme assez âgée, qui porte des livres sous le bras s'avance vers nous, arrime sur moi son regard plein d'intelligence. « Voici ma mère », dit la jeune femme.
Ian me scrute derrière ses verres de lunettes ; délicatement, il prend la jeune femme par le bras, et l'emmène. La mère et moi suivons le groupe à distance, nous observant mutuellement. J'ai l'impression d'être un secrétaire. Un ami a rejoint le couple qui marche en tête, et discute avec eux. Je me sens misérable de ne pas pouvoir parler avec eux moi aussi. « Je les suis. C'est là ma place ; c'est même tout ce que je sais faire », dis-je à la mère. Au mur, sur le monument aux morts, les noms défilent sur le marbre comme un générique de fin.
I'm useless. Je vais tomber et m'évanouir, et disparaître.
Terminal United Airlines, O'Hare Chicago Airport, Etats-Unis.
(Photo retouchée)