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BIBLIOTHEQUE VIRTUELLE


Avertissement préalable et notes importantes

Nous vivons dans une société qui a été lentement pourrie par l'argent et le système de valeurs bourgeoises qui s'y rattachent.
Et pourtant, est-il besoin de rappeler que nous ne vivons pas pour l'argent ?
Sans doute n'est-ce pas faire preuve d'une vision terriblement originale de la société que de hurler cela ; mais cette petite banalité se noie dans une amnésie quotidiennement renouvelée.

La ségrégation culturelle est un de ces effets pervers. Peut-être le pire de tous.
Car dans nos sociétés, au-delà d'une instruction minimale, au-delà du "SMIC culturel", cette culture au lance-pierre qui nous est envoyée dans la figure à l'école, la culture s'achète. Ou plutôt, ce que les médias appellent "culture" est un privilège de classe. Les riches jouissent de la possibilité matérielle et intellectuelle de s'offrir des livres, d'aller au concert, au théâtre et au musée -ne serait-ce que parce qu'ils en ont l'idée, l'habitude ; les pauvres restent scotchés à leurs jeux télévisés, aux émissions sportives, aux radios démagogues, et aux feuilles de chou du métro, parce que "c'est gratuit" -parfois, lorsqu'ils sont encore à l'école, ils empruntent quelques livres à la bibliothèque municipale.
Quant aux livres, ils restent une denrée chère, ruineuse pour les vrais amateurs. Ainsi, l'étudiant désargenté et néanmoins avide de "culture" (ou du moins de lecture), pour peu qu'il condamne moralement le vol à la tire dans les librairies ou bien qu'il craigne prosaïquement les portillons électroniques de Gibert-Joseph, reste bien désemparé une fois sa ruine consommée.

Soyons malins :  la législation nous permet d'ouvrir une brêche dans ce détestable ordre établi. C'est ce que l'on appelle "le domaine public".
Comme vous le savez, les h éritiers ont la Loi avec eux. Pendant 70 années suivant la mort de l'auteur, une oeuvre appartient légalement à ses héritiers ou ayants droit. Une fois ce délai passé, la Loi prévoit cependant le rattachement de l'oeuvre au domaine public. Le texte, alors libéré de toutes ses chaînes commerciales et de toutes les exploitations honteuses, est libre de droit. C'est alors une ruée sans nom. Pourquoi les maisons d'édition seraient-elles les seules à profiter de l'aubaine, et pas les lecteurs ? Pourquoi devrait-on payer pour consulter ces documents ? Soyons malin : utilisons Internet.

Mais pourquoi nous arrêter en si bon chemin ?
Soyons encore plus malins : au-delà même de cette action parfaitement légale, pourquoi le public devrait-il être privé des oeuvres plus récentes ? Le délai de 70 ans apparaît encore comme excessivement élevé : il est intolérable que des générations d'héritiers exigent de vivre, comme de vulgaires rentiers, de l'exploitation du travail artistique ou intellectuel de l'un de leurs ancêtres -sauf à prétendre que celui-ci n'a écrit et créé que pour les faire vivre pendant des années (auquel cas il ne mérite qu'une chose : qu'on lui crache à la gueule avec mépris)- en privant ainsi le public d'un accès non discriminatoire à cette même oeuvre !...

Ces oeuvres, pour user d'une métaphore galante quoiqu'un peu amphigourique, sont de belles et pures jeunes filles injustement exploitées par des parents indignes.
Soyons leurs chevaliers blancs, arrachons-les à leur triste sort d'objets commerciaux, de leur prostitution intellectuelle, enlevons-les et emportons-les au triple galop dans les vastes prairies de la pensée et dans les forêts touffues de l'art !

Et puis, Internet
permet la communication instantanée et gratuite. Internet existe, et c'est donc notre devoir de permettre à tous d'avoir accès à ces oeuvres sans que l'argent n'entre en ligne de compte.

(*Oui, bien entendu, l'achat du matériel nécessaire au téléchargement est encore un vecteur d'exclusion ; nous ne sommes pas dupes, et nous savons bien que les plus pauvres d'entre nous n'y auront peut-être jamais accès. Mais c'est peut-être un premier pas vers la réelle gratuité de la connaissance... malgré les marchands et les proxénètes de la culture).

Le jeu en vaut la chandelle, hein ? Et puis, pour répondre aux esprits tristes et pessimistes qui m'écrivent pour gentiment me ricaner au nez, si ce "premier pas" ne fait pas progresser les choses dans les faits vers la gratuité de la connaissance, peut-être du moins contribue t-il à faire évoluer dans cette direction les esprits.


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