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"La nuit était fraîche. Dans les cieux immenses, les étoiles innombrables brillaient comme autant de phares lointains, dont la lumière vacillait dans l'obscurité sans mesure de la nuit.
Ce fut l'affaire d'un instant. Soudain, sans que rien n'en eut laissé présager, il lui apparut qu'il se trouvait littéralement plongé dans cet infini vertigineux ; et c'est alors qu'il prit conscience de l'immensité fantastique de l'univers, et de la fragilité, de la faiblesse et de l'insignifiance de sa propre existence au regard de cette immensité. Mais au lieu de l'effrayer, cette soudaine illumination, cet éclair de lucidité, lui fit éprouver comme un inexplicable sentiment, fait d'exaltation romantique et de grandeur, face à la beauté tragique de son destin d'être humain. (...) Il était seul."

Dieu existe t-il ?

Puis-je croire en Dieu ?

Comment résoudre la question de l'existence de Dieu ?

Peut-on vivre sans Dieu ?

DEMONSTRATION

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DIEU
OU LA PEUR DE L'INUTILE

«Dieu sait » si le monde fait peur aux athées, disait mon professeur de philosophie.

 

Pour un résumé, lire la version courte

Etapes de la réflexion

1. Les questions -inévitables- de l'existence et de la mort se trouvent résolues par les prophètes, intermédiaires de Dieu.
2. Dieu est l'incarnation du sens créé par la religion. Les religions, prétextes fédérateurs et civilisateurs. Comment naît une religion.
3. Une cause de Dieu : le besoin d'un guide. Fragilités insoupçonnées et pourtant extrêmes des conceptions religieuses. Expériences mystiques.
4. Difficile liberté, intolérable erreur, spectre terrifiant de l'inutilité.
5. La peur de l’inutile doit être dépassée.
6. Les Athées vont trop loin ; rationnellement, l'homme doit se contenter de rester agnostique.
7. L’inutile est chose tolérable à l’esprit fort
8. Conclusion : nécessité pour l'ensemble de l'humanité de penser une morale détachée de toute irrationnalité, ancrée dans la conscience de la mort.
9. Ultime remarque : il faut lire Albert Camus

 

1. Les questions -inévitables- de l'existence et de la mort se trouvent résolues par les prophètes, intermédiaires de Dieu.

Etapes de la réflexion
L’homme est cet animal singulier qui, le seul peut-être, a conscience de sa mort, et est capable pour ainsi dire de l’anticiper, sachant qu’il ne pourra y échapper.

De cette « conscience de sa finitude » lui vient aussi ce besoin de trouver une raison à la vie et à la mort, plus encore à sa propre vie et à sa propre mort. (Besoin  singulier parmi l’ensemble des êtres vivants -si l'on en croit, du moins, nos connaissances à ce jour). Kant a cette belle formule, dans la préface à sa Critique de la Raison Pure, qui veut qu’il soit dans la nature-même de l’homme de s'interroger sur les causes et les origines de toute chose et de tout évènement ; questions dont pour un certain nombre les réponses ne peuvent par ailleurs que lui échapper du fait de la faiblesse de son esprit : et c’est d’ailleurs là la grande tragédie de l’homme, ce qui fait à la fois sa grandeur et sa misère.

Nous savons pourtant -car chacun de nous en a fait ou peut en faire l'expérience- que c'est une chose bien difficile que de trouver une réponse à certaines question :"Pourquoi quelque chose plutôt que rien ?" et "Pourquoi suis-je ici ? A quoi sert ma vie ?"

Mais, l’idée-même que des questions puissent lui être sans réponse lui étant quelque chose d’insupportable, ou peut-être même simplement inconcevable (chose encore moins concevable lorsqu'il s'agit de questions aussi essentielles que celles du sens de son existence), l’homme, ou le plus souvent un seul homme (celui que nous appelons le prophète), tente de raisonner ou d'user de raison pour imaginer ces réponses.

Jamais, pourtant, un homme ne s’est avancé à se proclamer lui-même détenteur de la vérité, ou du sens de l'existence : car les hommes, qui savent mentir, ne se croient pas les uns les autres, et d’autant moins, on peut le comprendre, s’il s’agit pour eux de modifier leur vision du monde et de l’existence ; et d’autre part ils ne veulent pas non plus croire dans la supériorité a priori d’un de leurs semblables.

La sagesse des prophète doit leur venir de quelque part.
Quelque part qui ne soit pas seulement son cerveau ou son imagination.

En conséquence, le prophète se dit donc être l’intermédiaire ou le messager d’un entité supérieure, voire suprême, entité bien entendu irrécusable, car non humaine. Quel est cette entité, donc ? Nous l’appellerons ici, pour plus de commodité, un Dieu.
A quoi Dieu sert-il ?

2. Dieu est l'incarnation du sens créé par la religion. Les religions, prétextes fédérateurs et civilisateurs. Comment naît une religion.

Etapes de la réflexion

Non seulement, ce Dieu donne une explication, donc un sens à l’existence, mais il est également remarquable qu’il permet de justifier souvent tout un système de valeurs -une morale, puis de lois, et en un mot, une civilisation pour vivre ensemble et attendre la mort.

Il se peut donc, et nous le pensons, que les religions soient des prétextes fédérateurs qui ont pour but de fonder un certain nombre de codes et réseaux de règles, d'établir un certain ordre afin de rendre possible la vie en société.

Car qu’est-ce qu’un monde sans Dieu ?
C’est un monde sans sens. Et qu’est-ce qu’un monde sans sens ? C’est un monde sans morale. Sans morale, ce que nous appelons l'"ordre" n’est lui-même pas plus justifiable que le chaos. En effet, il ne peut exister de « morale » qu’en référence à un juge ultime et absolu possédant la vérité. Un individu X vivant à un temps T aura toujours une certaine conception de valeurs fondant sa distinction entre le bien et le mal, une certaine idée de la vérité.
 

On remarquera que la « vérité » peut changer selon les régions ou les époques, et le mal devenir presque subitement bien, le bien se changer en mal : ainsi, ce qui est bien  ici ne l’est plus forcément aux antipodes.
Ce que nous apprend l'observation des moeurs humaines, c'est qu'il n'y a pas de vérité du bien et du mal commune à tous les être humains à travers les siècles. Comment, dès lors, opérer une distinction valable entre bien et mal ? Comment reconnaître ce qui est vrai, et par là, ce qui est juste et ce qui est injuste ? L’homme seul en est bien incapable : preuve en est s’il en faut, toutes les guerres qu’il mène à ses congénères au nom des vérités qu’il croit avoir trouvées. Le seul fait que ces vérités soient plurielles, et non uniques, le fait qu'elles soient changeantes selon les lieux et les époques, suffit à jeter le doute sur elles toutes : parmi celles pour lesquelles ils combattent, y'en a t-il seulement une de bonne ?


Mais il reste donc qu'il faut un juge extérieur pour permettre de distinguer radicalement le mal du bien ( distinction qui permet et fonde la vie en société ) : la morale dépend pour cela en premier lieu du sens (et par "sens" nous entendons le vecteur de toute la morale ) donné à l’existence humaine, et ce sens doit être fondé par une référence commune qui constituera les liens entre les individus au sein de la société en question.
Qui est ce fameux juge ?

Ce juge peut prendre des formes très diverses selon les régions ; ce n’est pas même forcément une entité clairement définie : réduit à sa plus simple forme, dénué des fioritures superstitieuses, ce peut être simplement l’expression d’un système d’explication du monde.
Personnages humains ou humanoïdes, animaux, divins, végétaux, voire minéraux, toutes ces entités ont la plupart du temps un trait commun qui est leur antropomorphisme.
Ce sont des consciences douée d'ouïe, car elles écoutent et exaucent parfois les prières. Ce sont des consciences actives, car elles jugent et sanctionnent des comportements.

Certains, qui se réclament de la Raison ou de la Science, athées ou non, peuvent avancer par exemple l’idée qu’il y a un principe de Nature, ou de Vie, ou encore de Progrès humain, c’est-à-dire en tout cas une sorte de norme, sur laquelle ils s’appuieront pour décrire une « nature humaine » -celle qui, en fait, leur convient et qui ne fait en réalité que justifier leurs préjugés, et la morale qui résulte logiquement de ces préjugés. Malgré "la raison", ou "la rationnalité" que ces gens-ci invoquent, on doit observer que ce n'est pas d'une autre manière que procèdent les autres religions.
Mais étudions -très rapidement- un cas particulier, afin d'expliciter notre propos.
Dans nos latitudes, disons "judéo-chrétiennes", la référence a pris pour nom Dieu. "Dieu" est un personnage à visage humain (par un curieux renversement des choses, la Bible proclame que c'est l'homme qui a visage divin : "Dieu créa l'homme a son image" ; et voir, à ce sujet, le mot du naturaliste Fontenelle : "L'homme le lui a bien rendu...") ; Dieu est un maître absolu, qui veille sur les hommes et tient les comptes de leurs bonnes et leurs mauvaises actions avant cette grande distribution de prix qu'est le Jugement Dernier.

Pour les prophète, ces batteleurs de Dieu, il s'agit d'impressionner les foules pour les convaincre.
C'est la raison pour laquelle ce Dieu peut prendre chez nous la forme d’une être omniscient, « tout-puissant », et vengeur. Quiconque lui désobéit (ou désobéit au prophète, ce qui revient au même) est donc condamné à la damnation éternelle.

Quelques incrédules ricanent encore ; aussi, les prophètes font-ils alors surgir l'imparable question du Pourquoi ("pour quelle raison", mais aussi "à quelle fin"). "Regarde donc ce monde dans lequel les choses sont si parfaitement agencées ; regarde comme les nez ont été faits pour porter des lunettes !" dit-il, comme Pangloss. "Tu voudrais que tout cela soit le fruit du hasard ? Est-ce que les statues de bois que tu tailles dans ton atelier sont le fruit du hasard ? Tout a une cause ! Le monde a une cause. Sinon, pourquoi es-tu là ? Pourquoi, surtout, vas-tu mourir ?". Voilà le cerveau de l'incrédule en plein bouleversement : tout a une cause, le monde a une cause, quelle est cette cause ? un vide lui apparaît, insupportable, qu’il lui faut combler. A l'origine de ce bouleversement, la conscience de sa mort inéluctable soulève des questions qui ne peuvent pas rester irrésolues. S'il meurt sans raison, sa vie toute entière, mais aussi tout ce qu'il a fait, toutes ses actions et toute l'oeuvre qu'il croit laisser, se révèleront comme choses plus vaines et plus futiles encore que la vie d'un moucheron.
Cette réaction d'horreur est une réaction qui semble presque génétique, tant elle ne manque jamais de se produire... Le prophète peut alors s’empresser de lui fournir lui-même la réponse qui fait défaut : « La cause du monde est un Dieu, un Dieu qui par sa volonté fait tomber la pluie, ou déchaîne les éléments. Mais moi, je connais sa parole, et je vais te la dire, et tu pourras ainsi vivre conformément à sa Loi, et ta vie sera ainsi utile et bonne, et ton âme connaîtra le Salut. ». Et l'homme désemparé, déstabilisé par ces arguments, angoissé par la mort, terrifié par le néant, se dit, premièrement, que cette réponse est une solution bien pratique et bien apaisante, et, deuxièmement, qu’il y a, au fond, plus à gagner qu’à perdre à obéir à ce Dieu si terrible. (Cf. Le pari Pascalien).

Je crois que c’est là le secret de la réussite de toutes les religions.

Fort bien ! Je ne dis pas que le principe d’une telle croyance, aussi peu rationnelle soit-elle, doit conduire à quelque chose de forcément mauvais pour tous les hommes. Peut-être même la croyance est-elle bonne à celui qui vit, heureux, en paix avec ses semblables parce qu’il croit ? Nous avons vu d’ailleurs qu'une religion constitue bien souvent la base-même de la vie en communauté. La religion se révèle même, au moins pour une certaine part de l'humanité, nécessaire : par l'invention d'une morale -invention qu'elle suscite logiquement.

3. Une cause de Dieu : le besoin d'un guide. Fragilités insoupçonnées et pourtant extrêmes des conceptions religieuses. Expériences mystiques.

Etapes de la réflexion
Beaucoup, en effet, ont besoin de croire en Dieu pour ne pas sombrer dans une furie désespérée et sans doute destructrice.
Beaucoup ont besoin de croire que les règles sont déjà fixées, et sont absolues, pour vivre en société sans voler ni tuer leurs voisins. Ou tout simplement pour vivre sans angoisse. Besoin d’un père, ou d'un guide qui donne le cap à suivre, avec confiance, pour ne pas se perdre dans une nuit métaphysique épaisse et sans étoile.

Car, oui, lorsque la morale s'évanouit, ou disparaît, c’est bien tout ce qui guide nos vies d’êtres civilisés qui s’évanouit.

Cependant, la morale part d’un point de départ, Dieu, dont la réalité de l’existence n’est pas avérée, qui donc pourrait être faux. Si Dieu n'existait pas, cela aurait pour conséquence l’invalidation potentielle de toute la morale qui est censée en découler. Cela aurait pour conséquence de nous faire suivre, peut-être, des valeurs et des lois sans fondement, erronées, inutiles.
Or qui a vu Dieu, qui l’a entendu, sinon les prophètes eux-mêmes, et eux seuls ?
Seuls les prophètes ont vu Dieu. A eux seuls Il a parlé.
Quelques hommes, pas forcément mauvais, mais un peu fous, un peu mégalomanes.
Des hommes.

On voit donc là la faiblesse extrême des conceptions sur lesquelles nos civilisations reposent pourtant depuis des siècles ; et leur longévité n'est pas sans explication : elle a pour cause l'ignorance ou l'aveuglement volontaire des hommes.

Certaines personnes, pourtant, disent -avec une bonne foi que je ne mets pas en doute- qu'elles ont "rencontré" Dieu.
Les expériences mystiques, que font parfois certains chrétiens, par exemple, ne sont jamais des conversations privées avec l'Etre Suprême : ce sont de simples illuminations, comme peut en connaître n'importe quel mortel, comme j'en ai moi-même connu une, une nuit, où, alors que j'écrivais seul à mon bureau, il m'a semblé soudain comprendre l'univers tout entier ; soudain, dans un éclair de lucidité fantastique, j'avais senti l'absurde, le néant, le vide, le non-sens de toutes choses, du monde, de l'Univers immense. Pris de vertige, j'avais dû m'asseoir, sonné par ce choc terrible, cependant qu'encore, mes pensées fusaient, filaient, trop nombreuses, trop rapides, et que la sensation de comprendre quelque chose de trop grand et d'inhumain faisait chanceler mon esprit faible et désarmé.
Mais voilà pourquoi, précisément, je ne peux pas regarder aucune "expérience mystique" comme une preuve possibles de l'existence de Dieu. Pourquoi mentirais-je ? Je n'ai qu'un but : regarder la réalité, pour mieux savoir ce qu'est la vérité. Je fais part ici d'une expérience personnelle que j'ai réellement vécue.
De toutes manières, une observation simple s'impose à nous : Dieu n'a plus fait d'apparition publique depuis -au moins- deux mille ans.
Fait d'autant plus curieux que le comportement des humains laisse à désirer.

Moi-même, engagé comme je l'étais dans la voie de l'athéisme, il me suffirait d'un pauvre signe divin, d'une petite illumination de rien du tout... Mais qui ne soit pas celle de l'absurde !...
J'attends en vain celui qui viendra me convaincre de l'existence de Dieu.
Je rôde dans les églises, j'assiste à des messes, je fais des génuflexions, et même (ne vous moquez pas) : j'allume un cierge à Notre-Dame.
Je dors si peu ! Et je me prive volontairement de nourriture pendant des journées entières. Je marche seul dans les bois, je m'allonge sur la mousse, les yeux dans le ciel, je trempe mes pieds dans l'eau glacée des rivières.
Mais rien.
Parfois, ma raison faiblit et vacille : il me semble frôler quelque chose ; mais je sens trop d'où vient ce vacillement. Je sens trop que le chemin que je tente de longer, ce chemin vers le mysticisme (c'est-à-dire, vers la rencontre de Dieu), est le même que celui de n'importe quel ascète de n'importe quelle religion.
Les ascètes, dans l'état physique dans lequel ils se complaisent, peuvent rencontrer n'importe quoi.

Dieu ne vient pas.

4. Difficile liberté, intolérable erreur, spectre terrifiant de l'inutilité.

Etapes de la réflexion
Sans Dieu, pas de morale, ni de sens.
Et dès lors pourquoi mourir ? Pourquoi vivre ? L'univers se tait. Sans Dieu, la question du pourquoi n’a aucune réponse, et c’est cela qui semble insupportable au croyant, qui s'accroche frénétiquement à un sens sans lequel il ne sait pas vivre. Insupportable liberté de l'homme, de l'homme qui n'a d'autre maître et d'autre guide que lui même, et qui préfère pourtant s'accrocher lui-même des fers aux pieds.

Nous arrivons là au noeud du problème. Si la liberté est tellement insupportable, c'est parce qu'elle est liée à l'idée d'utilité.

La liberté est effrayante, car elle suppose que nous déterminions par nous-mêmes "ce qu'il faut faire". Notre morale. Mais si nous ne faisions pas "ce qu'il faut" ?
Au contraire de l'automatisme ou de l'instinct, la Liberté est naturellement une source d'erreurs fréquentes.
Qu'est-ce qu'une erreur ? Une action dont la visée n'a pas été atteinte, dont on a manqué le but ; donc une action qui, au delà de son caractère parfois préjudiciable, est en tout cas toujours... parfaitement inutile.
Sans dieu, c'est le règne de la liberté absolue, donc la possibilité de l'erreur, donc le spectre de l'inutilité.

Mais quelle est, précisément, l'idée d'« utilité » qui est ici mise en question?
Nous parlons ici d'une Utilité au sens large, à la taille de l'univers : non pas l'utilité seulement de nos vies particulières et de chacun de nos actes, mais celle de la Vie en général, et même de l’univers et de tous les évènements qui s’y produisent.
Bien sûr, l’utilité de certains évènements, l’utilité de l’eau qui s’écoule de mon arrosoir sur les fleurs de mon jardin, par exemple, apparaît évidente ; mais il s’agit là d’une utilité de l’immédiat, purement ponctuelle, qui est sans mesure au regard du cosmos, de l’univers dans son ensemble, au regard de l’utilité prise dans son sens le plus absolu.
Or, sans dieu, personne n'a besoin de notre existence ; sans dieu, c’est donc, dans tout l’univers, le règne effrayant de l’inutilité absolue !

Certains esprits n'envisagent même pas une telle possibilité.
En revanche, beaucoup ne tolèrent pas cette idée d’inutilité, et vont jusqu’à justifier leur croyance en Dieu par cette seule et rassurante supposition que l’inutile est impossible.

5. La peur de l’inutile doit être dépassée

Etapes de la réflexion
C’est cela qui fait peur à celui qui s’interroge, c’est l’idée d’inutilité, et avec elle, l’idée d’une liberté absolue, terrifiante, de l’homme. Mais ce n’est pas parce qu’une idée est effrayante qu’il faut l’écarter.
Celui qui se dit chercheur de vérité, celui qui, honnête,  fait usage, jusqu’au bout, de sa raison, cherche à connaître ce qui est vrai, et non pas ce qui est rassurant. Il ne recherche pas de preuve à ce qu'il croit, il cherche à soumettre ses opinions aux faits.
Savoir comment, puis pourquoi. C’est ainsi un processus inexorable qui pousse l’esprit vers le centre des choses, vers leur sens, vers leur vérité.
Eh bien, peut-être que la première chose à comprendre, c’est précisément que l'on ne peut rien comprendre du monde dans lequel nous vivons.

6. Les Athées vont trop loin ; rationnellement, l'homme doit se contenter de rester agnostique.

Etapes de la réflexion
Les Athées
Les athées, eux, ne voulant plus remettre les fondements de leur conduite et de leur vie dans l’hypothèse trop vacillante de l’existence d’une subtile entité supérieure, s’efforcent, avec courage, et la plupart du temps d’ailleurs dans une louable volonté d’honnêteté intellectuelle, de se représenter un monde sans dieu, et par-là donc même, un monde sans morale et sans sens établis.

L'agnosticisme : comment écarter provisoirement la religion pour refonder une morale à l'échelle de l'humanité
Mais, dans le cadre d'une pensée purement et vraiment rationnelle, il faut reconnaître que la question de l'existence de dieu, ou d'un quelconque Sens supérieur, ne saurait être tranchée par nous, simples mortels.
Par conséquent, l'athéisme va trop loin, s'engage lui aussi sur le terrain de l'irrationnel et de la passion.
Un homme de raison devra donc, dans sa réflexion, se limiter à l'agnosticisme rationnel, mettre entre parenthèses l’hypothèse de dieu, suspendre le débat sur son existence potentielle ; une parenthèse, le temps de voir s’il ne nous est pas possible par nous-même, puis ensemble, de trouver des lois pour vivre en société.

Il me semble qu'il y a là un terrain de compromis possible avec les théistes, déistes, et autres croyants -du moins ceux qui ont accepté de se débarasser dans leur âme de tout l'attirail superstitieux de la religion..


 

7. L’inutile est tolérable à l’esprit fort

Etapes de la réflexion
L'idéal, en fait serait que chacun puisse devenir un esprit fort, acquérir une force intellectuelle suffisante pour s'affranchir de ses origines sociales, culturelles, religieuses, dépasser son éducation, prendre son indépendance intellectuelle en somme, afin de ne pas se limiter à la simple reproduction de comportements et de pensées inculqués.
J'espère faire partie de ces esprits forts.
Ceux qui me connaissent et connaissent mes origines, savent combien je m'en suis éloigné intellectuellement.

Je vis. L’inutile, l’absurde, ne m’ont pas tué. Au contraire, ils m'ont appris à vivre mieux, à vivre moins inutilement, je crois.
L'inutile et l'absurde m'ont ouvert les yeux sur ce qui fait la beauté de l'humanité, de la vie humaine, du monde dans lequel nous vivons. Une très belle tragédie. Pas une tragédie triste, non ; plutôt de celles qui laissent dans la bouche le goût à la fois sucré et légèrement amer de la vie, celles qui donnent envie de mieux jouir de chaque chose, de chaque rencontre et de chaque instant, comme de  bonheurs à la fois simples, et infinis.


 

8. Conclusion : nécessité pour l'ensemble de l'humanité de penser une morale détachée de toute irrationnalité, ancrée dans la conscience de la mort.

Etapes de la réflexion
L’absurde m’a appris quelque chose. Il m’a appris que voler, que faire souffrir, que tuer étaient inutiles.
Car si toute action est inutile, pourquoi, dès lors, se dépenser à causer la souffrance et la destruction ? Inutile, vaine, stupide révolte. Mieux vaut accepter notre humanité, notre tragédie commune, et, pour la dépasser, consacrer nos forces à tenter simplement de vivre bien, d’améliorer peut-être nos relations avec nos congénères, notre propre humanité, nos sorts particuliers.
Suivre cette règle comme règle première de vie pourra nous aider à fonder une morale nouvelle. Une morale. Un systèmes de valeurs pour vivre en société.

Cette suggestion n'est qu'une suggestion. Une nouvelle morale, voilà qui est un sujet, certes vaste et intéressant, mais auquel j'ai pour le moment si peu réfléchi, que je ne me risquerais pas à  tenter d'en parler plus précisément pour le moment.

Toujours refuser le rôle du prophète, toujours se remettre à l'esprit le caractère essentiel de notre existence, qui est l'absurde, voilà qui suffira à développer une morale personnelle nouvelle.
Pensons, et pensons ensemble, et peut-être une morale commune se dégagera-t-elle de cet effort commun. Peut-être pas tout de suite, peut-être dans plusieurs générations... Qui sait ? Mais j'ai bon espoir, conviction toute hégélienne que l'Esprit des humains ne cessera jamais de progresser, par l'éducation et par le dialogue...


 

9. Ultime remarque : il faut lire Albert Camus

Etapes de la réflexion
Mais tout cela ne serait rien si Camus n'avait pas, avant nous, déjà, parlé. Dans Le mythe de Sisyphe, ou dans L'homme révolté, dans L'Etranger et dans La Peste.
Lire Camus, c'est, pour celui ou celle qui cherche un sens à son existence, un choc rude, mais aussi, surtout, un immense espoir, qui naît de ce choc premier ; c'est, enfin, toucher à ce qui fait le plus profondément l'humanité et la vie même. Des sommets d'optimisme à qui sait le lire, le lire et le comprendre. Camus nous apprend à vivre vraiment, c'est-à-dire hors de l'illusion ou de l'aveuglement volontaire, à vivre pleinement notre vie dans la conscience de notre fragilité extrême, de la fugacité de notre existence.

 

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