Cette page se donne pour but de recueillir chronologiquement les archives du "message sur l'état de Sami", publié de manière irrégulière sur la page d'accueil de sami.is.free.fr.
Le tout se présente donc, par la force des choses, comme une ébauche de journal en ligne. Une différence notable avec les journaux habituels : ici, Sami n'est pas l'auteur à la première personne de sa vie, mais c'est un autre (car je est un autre) qui écrit sur lui, d'après lui, ce qui entraîne par voie de conséquence l'usage de la troisième personne.
Tout le contenu de ce texte est susceptible d’être revisité, récrit par son auteur, qui se réserve le droit de disposer à sa guise de l’histoire et de l’existence de Sami : soit que la mémoire de ce dernier fasse surgir des ténèbres des éléments nouveaux, soit que la formulation des idées soit jugée trop faible, inexacte ou mauvaise par l’auteur ou par Sami lui-même. Ceux qui ne sont pas contents...
Dernières nouvelles : Mai 2008
Comme les années passent vite : 2001 - 2002 - 2003 - 2004 - 2005 -2006 - 2007 - 2008
Feuilles d'automne
Il se rappela des trahisons du verbe
Il se rappela des petits mensonges atroces
Il se rappela des tristes évidences
(¨Posy Simmonds, Gemma Bovery, Pantheon Books, 1999)
On parla d'amour
Où l'on retrouve le promeneur solitaire : ganté et botté, il battit la campagne tant qu'il put. Il foula de ses bottes les champs gelés, les prairies blanches de givres. Il traversa même une rivière, s'accrochant aux branches moussues d'un arbre mort, et fit détaler dans la brume trois lapins, deux mulots, un faisan et une dizaine de perdrix.
Sami, coureur solitaire
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Il découvrit cet endroit étrange que les habitants appellent « la casse à Jojo », dessous la ferme Blouzat : un cimetière d'automobiles, qui retournent lentement à l'état sauvage. Il y prit des photos.
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CHOUETTE ET AGREABLE
Il passa une nuit dans l'Aéroport Charles-de-Gaulle déserté. Il y fit le fou, se prit en photo dans des endroits interdits, et marcha, marcha encore.
L'Aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, 2h du matin.Puis il s'envola vers Florence, où il retrouva son ami Hugo, fit la connaissance de ses chouettes parents et de certains de ses amis socialement très acceptables, et passa une sorte de week-end, très agréable, dans la campagne toscane.
Avec Hugo dans un pub à Florence.
Chez Hugo (Bagno A Ripoli ).
Loana et le chat.
Mais déjà il fallait retourner à Bologne ; il passa la nuit à la Stazione Centrale de Bologne (faute d'appartement, car il avait oublié les clés que lui avait confiées Hugo), et y rencontra des tas de gens, dans une ambiance bruyante et bon enfant.
Stazione Centrale di Bologna, Service Clientèle, 3h du matin.
Enfin, il reprit l'avion pour Munich, puis Paris (alors qu'il était sur la passerelle d'embarquement, une jeune fille qui le regardait avec insistance lui demanda soudain, en allemand : "Excuse-moi... Tu es à Sciences-Po ?" : c'était une camarade de classe).
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Et à peine revenu chez lui, il repartit presque aussitôt pour Deauville, en voiture, avec Mathieu, et passa un chouette réveillon dans la maison blonvilloise de Tam, hi hi hi.
Sans oser espérer grand-chose des mois à venir, il n'était pas fâché de voir se clore cette saloperie qu'avait globalement été l'année 2006.Le 1er janvier 2007, il fit une promenade sur la plage avec ses amis.
Karin (Blonville, 1er Janvier)Il passa le voyage du retour sur la banquette arrière, à discuter avec Karin et à faire semblant de dormir tout près d'elle, et c'était agréable.
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Le promeneur solitaire embrasse tout le monde, sans distinction de sexe ni de race.
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Sami disparut étrangement aux débuts du printemps 2007.Il ne laissa d'abord aucune trace, ni aucune explication.
Après onze mois d'un silence opaque,
nous recevions enfin ce message :
Evidemment. Cela devait arriver.
(Novembre 2007)
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Où est Sami ?
La question paraît aujourd’hui peut-être plus légitime qu’elle ne l’a jamais été.
A priori, s'il fait nuit, c'est que Sami se trouve au fameux hôtel Marignan des Champs-Elysées. S'il fait jour, Sami vaque à ses mystérieuses occupations, et s'endort à des heures bizarres.
Il ne voit presque personne, répond peu au téléphone (environ une fois sur neuf, d'après ses calculs), presque jamais à ses mails. En total décalage avec le monde, il vit sur le fuseau horaire de Los Angeles, et ne « sort » de sa réclusion qu’une ou deux fois par semaine. Ses amis perdent sa trace, ses parents s’inquiètent.Sami a longtemps été un garçon sans avenir fixe. Aujourd’hui, il semble que cet « avenir » l’ait finalement rattrapé, et qu’ainsi son présent se confonde désormais précisément avec l’idée qu’il se faisait de son avenir : un trou noir.
Il n’est plus question d’un simple « black-out », donc, mais bien d’un black hole.
Lui qui fut longtemps tenté par tout, mais découragé par une liberté trop grande, se trouve à présent simplement découragé par tout.
Comment va-t-il ?
Sami se décrit parfois comme une saleté de gamin, égaré, en quelque sorte, dans la forêt touffue de l’enfance (cependant qu'un début de calvitie, qui lui rappelle cruellement le passage du temps, l’empêche de s’y croire vraiment).
Est-ce une maladie, que de ne pouvoir se projeter dans l’avenir ?
Une maladie est avant tout une souffrance ; or donc, par un surprenant paradoxe, Sami souffre peu de sa « situation ».
N’étant pas heureux pour autant, il aime parfois à se décrire pompeusement comme ataraxique. En vérité, le qualificatif qui conviendrait le mieux à son état serait, plus probablement : « apathique ».
Que peut-il y faire ? Tout au plus, se contente t-il de constater l'écart croissant entre son mode de vie actuel, et celui de la majorité normale.
Que fait-il ?
Ainsi donc, en dépit de son impression nette (et parfois envahissante) de vieillissement, pour ne pas dire de décrépitude, Sami se comporte comme le ferait un adolescent anxieux : il cherche à s’intégrer, copine avec ses petits camarades, joue au foot le dimanche, mate les filles et apprend des blagues misogynes.
Mais il s’interdit, par inertie et par découragement, tout projet à moyen ou long terme.Parfois, il prétend qu’il « prend des vacances »; ou bien qu’il « fait un break pour réfléchir ».
En réalité, il ne réfléchit presque pas.
Il ne s’attarde que fort rarement sur sa personne ou sur son avenir. Et, quand on veut l’y forcer, s’énerve rapidement, se mure dans le mutisme ou écarte la question d'un sourire ou d'un haussement d’épaule impuissant.
Est-il amoureux ?
Comment pourrait-il être amoureux ? Il lui semble qu’il ne peut plus l’être.
Quand bien même, qui pourrait aimer « Useless Boy » ?...
Souvent complaisant avec lui-même, il reconnaît pourtant que sa personne n’a pas grand-chose d’attirant.
Car on est tout à la fois par ce que l’on fait et par ce que l’on veut : ce sont l’action et la projection qui fondent une personnalité.
Or, Sami ne « veut » rien, et ne « fait » pas grand-chose. Il n’existe, en fait, pratiquement pas.
A la limite, même, Sami se considérerait bien comme une espèce de nuisible...
Ainsi vit-il, reclus comme au monastère. Presque ermite, il ne fréquente, à quelques rares exceptions près, que ses jeunes collègues. Ses contacts avec le « monde » sont rares.
A part ça...
À part ces conneries, Sami fume des cigarettes, lit la presse anglo-américaine et travaille ses croque-monsieur.
Il consigne de courtes anecdotes sur ses activités nocturnes, croquis rapides qu'il garde, "pour plus tard".
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(Mai 2008)
MAI
Le Jour est ma Nuit
Ce matin-là, la jolie Kristina rendit une nouvelle visite à Sami, qui l'avait invitée cette fois à monter avec lui sur les toits pour le lever du jour. Ils s'installèrent dans les lourd fauteuils en bois, discutèrent un peu nerveusement.
Et, à 6h17, le Soleil s’élança soudain, rougeoyant dans le ciel voilé de mauve et d’orange, embrasant les brumes matinales, et s'éleva, avec confiance et majesté, à la droite du Sacré-Coeur. Alors ils se turent. Dans la lumière orangée, le visage de Kristina rayonnait, malgré la fatigue ; et Sami, le coeur serré de surprise et d'émerveillement, en oublia d'un coup tout son verbiage imbécile. Kristina portait une jupe blanche ; c'était un beau matin de Mai, doux comme une promesse.
O, Glorious, Bright New Day!
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Paris, Mai 2008Puis Sami s'en fut rejoindre Mathieu, avec lequel il partagea le petit-déjeuner.
Désoeuvrés, les deux amis marchèrent un moment dans la ville inondée de lumière. Et, à onze heures, sur le Quai, ils firent par hasard la connaissance d'Aurore et de Sophie, qui semblaient les attendre. Ils passèrent, tous ensemble, une belle et mémorable après-midi ensoleillée.
Ils burent et rirent et parlèrent. Ils se trempèrent dans la Seine étincelante et fraîche, sous le regard ébahi des touristes, coururent nu-pieds sur les pavés, jouèrent, burent encore ; et c'était un Eden.
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(Printemps 2008)
Deux notes, retrouvées au fond d'une poche :
In principio erat Narratio.
A quoi servent les histoires ?
Celles des autres, à inspirer la nôtre.
La nôtre, à donner un sens à notre existence, et donc à en accepter la fin.Au commencement était le récit.
Et seul a vécu celui qui peut dire son histoire.
Les autres, les gens "sans histoire", ceux encore qui s'oublient de vivre absorbés par ou dans leurs routines (même les plus extravagantes), ceux-là sont ceux qui, dans les derniers moments, s'inquiètent, s'affolent, et deviennent fous d'angoisse à l'approche de la mort.
Chaque jour qui passe devrait être digne d'être dit..
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